La loi sur l’interruption des grossesses, en Algérie ravive les débats. Si la nouvelle loi sur la santé en Algérie, assouplit les conditions d’accès à l’interruption de la grossesse, elle ne constitue pas vraiment une franche avancée. Si certains sont pour, en justifiant les cas de viol et d’incestes, d’autres par contre trouve que c’est une abomination.
L’avortement consiste à mettre fin à la vie d’un être humain « On ne va pas donner la chance à tout le monde d’interpréter la loi comme il le veut », déclarait un prédicateur. Il ne s’agit pas de rétrécir le champ de l’interruption thérapeutique de grossesse. C’est pour des barrières et bien codifier la chose », poursuit-il. Pourquoi l’amendement permettant aux victimes de viols et d’inceste d’avorter a-t-il été rejeté ? Pour Nadia Chouitem, la campagne médiatique contre ces dispositions a eu un impact. En novembre dernier, la publication des détails de ce projet de loi, notamment en ce qui concerne l’avortement, avait suscité une grande polémique. Des journaux ont parlé de « fitna », des imams, des prédicateurs et des personnalités sont intervenus dans le débat. « L’avortement doit être permis dans deux cas seulement, quand la vie de la mère est en danger physiquement et quand son bébé est atteint d’un handicap de 90 à 95 % », tranche Djelloul Hadjimi, secrétaire général du syndicat national des imams. Pour certains, l’on ne doit pas permettre aux victimes de viols et d’incestes d’avorter. La société algérienne n’adhérera jamais à un changement allant à l’encontre des préceptes de l’islam, selon lui. « Malgré tout ce que l’on peut dire, l’Algérie est une société musulmane, qu’elle soit pratiquante ou pas et en matière d’islam, elle ne joue pas. « La question liée à l’avortement, qu’il soit thérapeutique ou volontaire, ne peut pas avancer sans lutte » pensent d’autres. « Je pense également qu’il n’y aura pas d’avancée dans un contexte de régression et de remise en cause du droit à la santé », avance Nadia Chouitem. Dans un contexte marqué par le regain du conservatisme, rares sont les militantes féministes qui revendiquent ouvertement le droit à l’avortement. « C’est le fruit des décennies d’enseignement marquées par une religiosité éloigné du respect des droits humains », assure, une activiste. Dans son message adressé aux participants à une conférence internationale sur la promotion de la participation politique de la femme organisée le samedi 17 mars 2018, le président Bouteflika a évoqué le poids de certaines mentalités. Il a fait savoir qu’ils sont conscients des entraves et du poids de certaines mentalités persistantes dans la société quant à la promotion effective de la place de la femme et sa participation dans la vie collective. En 2005, Abdelaziz Bouteflika a dû recourir aux ordonnances pour imposer ses amendements du Code de la famille et mettre fin à la polémique. À l’Assemblée nationale, le président de la commission de la Santé tente de rassurer que le rejet d’un article en commission ne signifie pas son rejet par l’Assemblée. Les amendements doivent en effet être validés par l’Assemblée réunie en séance plénière consacrée au vote du projet de loi sur la santé. Sauf que ces amendements ont très peu de chances d’être remis en cause. En effet, ces personnes poussent les femmes à recourir à des charlatans pour se faire avorter. Ils les poussent à se livrer aux réseaux clandestins. « En fait, ils préparent un tombeau pour toutes ces femmes qui n’ont pas les moyens d’aller à l’étranger pour se faire avorter », réagit Cherfia Kheddar, militante féministe et président de l’Association Djazaïrona. Et de s’interroger à savoir si est-ce que le Parlement qui est une enceinte républicaine, et non une institution religieuse ?
Par Wakiyatou KOBRE