Burkina Faso : Mort de deux personnes suite aux coups de feu près de la base aérienne : Le parquet militaire ouvre une enquête

Dans la nuit du mardi 21 juin 2022, des coups de feu ont retenti du côté de la base aérienne, non de l’aéroport international de Ouagadougou. Peu après, l’on apprendra le décès de deux personnes à bord d’un véhicule, tous membres de la même famille.

Les riverains du centre-ville de la capitale burkinabè ont été alertés par des tirs bien nourris le mardi 21 juin 2022, sous le coup de 20 heures. Pour une ville ayant déjà fait l’objet de plusieurs attaques terroristes en 2016, 2017 et 2018, le premier réflexe pour de nombreuses personnes étaient de se mettre à l’abri. Les interrogations fusaient de partout au fur et à mesure que la psychose grandissait. A ce moment précis, les rumeurs de toutes sortes inondaient les réseaux sociaux. Pour certains, il s’agit d’une attaque terroriste, pour d’autres encore moins sceptiques, il s’agirait d’un braquage armé ayant mal tourné. Mais très vite, la hiérarchie militaire va produire un communiqué pour éclairer la lanterne des populations. «Des tirs de sommation ont été effectués ce jour 21 juin 2022 vers 20h à l’entrée de la base aérienne pour dissuader un véhicule qui tentait manifestement de forcer un barrage. Gestion de l’incident en cours…», a indiqué l’État-Major Général de l’Armée (EMGA), quelques minutes après la fin des tirs.

Non-respect des alertes et tirs de sommation, selon le parquet militaire

A la diffusion de ce communiqué, les esprits se calment, tous semblaient pousser un ouf de soulagement. Cependant, l’on était loin de s’imaginer que cet incident avait causé un drame. Quelques heures seulement après la sortie de la note de l’EMGA, plusieurs médias locaux ont rapporté que deux personnes dont une mère et sa fille ont perdu la vie suite à ces tirs. La toile s’enflamme de nouveau, les internautes sont partagés entre l’hypothèse de la gâchette facile ou celle d’une réaction légitime dans un contexte sécuritaire difficile. La confirmation officielle de cette triste nouvelle est venue du parquet militaire, le lendemain 22 juin 2022. «En effet, un véhicule de marque Toyota Rav4 immatriculée 6697 E403 s’est retrouvé dans le dispositif des éléments de sécurité. A la suite des alertes à la voix et des tirs de sommations qui n’ont pas été respectés, la sentinelle a été obligée de stopper ledit véhicule par des tirs, alors que celui-ci fonçait tout droit sur le poste», a expliqué le procureur militaire ajoutant avoir ouvert une enquête pour situer les responsabilités.

Plusieurs incidents de ce genre déjà survenus à Ouagadougou

Cet incident malheureux n’est pas sans rappeler d’autres du genre déjà survenus dans la capitale burkinabè. En effet, le 30 août 2018, un jeune homme a été blessé par les tirs d’un policier aux abords du Commissariat central de Ouagadougou. A l’époque, la police nationale avait évoqué une tentative de passage en force au niveau des barrières de sécurité, argument que le camp adverse a rejeté. Deux ans après, soit le 21 novembre 2020 un homme perdait la vie dans les mêmes circonstances devant le camp militaire Baba Sy. Cette victime en plus d’avoir des attitudes suspectes, n’avait pas obtempéré à l’injonction d’arrêt intimée par l’élément de garde, avait à l’époque situé un communiqué du parquet militaire. Au regard de ces incidents à répétition et dans l’optique de les éviter à l’avenir, certaines voix s’élèvent invitant les autorités soit à excentrer les camps militaires, à défaut, à bien baliser les périmètres de sécurité autour de ces enceintes.

Abdoul Karim TAPSOBA