Une filiale du géant français des boissons Castel est accusée par L’ONG The Sentry d’avoir soutenu financièrement des rebelles en Centrafrique.
Le parquet de Paris va officiellement pouvoir se pencher sur la sulfureuse affaire mettant en cause SUCAF RCA, une filiale du géant français des boissons Castel, dont le siège social est à Bordeaux. L’enquête a été ouverte, le mercredi 30 juin 2022, suite à un rapport publié par l’ONG The Sentry, spécialisée dans la traque de l’argent sale. Selon francebleu.fr, le géant français est accusé d’avoir soutenu financièrement des rebelles en Centrafrique pour sécuriser son “usine et les champs de canne à sucre” et “tenter de protéger le monopole de la société”. Pour leur part Me Clémence Witt et Me Anaïs Sarron, avocates de The Sentry, se sont réjouis, selon RFI, de cette avancée, estimant que ces investigations “devraient permettre de faire la lumière sur les éventuelles responsabilités de sociétés et d’individus, notamment français, dans la commission de crimes d’une extrême gravité”.
En effet, le rapport de The Sentry, sorti en août 2021, avait révélé que la sucrerie SUCAF RCA, appartenant au groupe Castel, avait voulu protéger son monopole en Centrafrique, en négociant avec le groupe armé UPC, pourtant accusé de multiples exactions. Un “arrangement” dans lequel les rebelles sécurisaient son usine et son champ de canne à sucre, en échange de quoi SUCAF RCA finançait la milice par des paiements directs ou en nature.
Des accusations qui ont été rejetées par l’entreprise Castel. Me Pierre-Olivier Sur, l’un des avocats du groupe, cité par lorientlejour.com, a dénoncé une “tentative de déstabilisation d’un des derniers fleurons agro-alimentaires français en Afrique” et estimé qu’un “procès en dénonciation calomnieuse” suivrait. A l’instar du groupe Castel, plusieurs enquêtes visant des entreprises françaises ont déjà été ouvertes à Paris pour complicité de crimes contre l’humanité, a indiqué francebleu.fr. BNP Paribas est visé pour son rôle lors de la guerre au Darfour et dans le génocide rwandais. Le cimentier Lafarge a lui été mis en examen, soupçonné d’avoir versé via une filiale des millions d’euros à des groupes terroristes, dont le groupe Etat islamique (EI), pour maintenir l’activité d’une cimenterie en Syrie en 2013 et 2014.
Roseline BADO