Darfour : la CPI accuse le chef de milice Ali Kosheib de meurtres

Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman dans la salle d’audience de la CPI

Le chef de la milice janjawid, force supplétive du gouvernement soudanais accusée d’exactions durant le conflit du Darfour, a personnellement commis des meurtres dans cette région de l’ouest du Soudan, ont déclaré lundi à La Haye les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI).

Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, également connu sous son nom de guerre Ali Kosheib, a comparu lundi devant la Cour lors d’une audience destinée à déterminer s’il y a suffisamment de preuves pour un procès en bonne et due forme pour les 31 chefs de crimes de guerre et contre l’humanité dont il est accusé. Proche collaborateur de l’ex-président soudanais Omar el-Béchir, il a été « l’auteur très actif » de meurtres commis en 2003-2004 au Darfour, ont affirmé à l’AFP les procureurs. « Craint et en même temps vénéré en tant que colonel des colonels, il était le principal dirigeant de la tristement célèbre milice janjawid » accusée de nombreuses exactions, a déclaré la procureure générale de la CPI Fatou Bensouda. « Les preuves montrent qu’Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman était l’auteur conscient, volontaire et actif de ces crimes. Il a joué un rôle crucial, dirigeant des attaques, commettant des meurtres et ordonnant d’autres meurtres », a-t-elle ajouté. Selon les procureurs de la CPI, Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, soutenu par les forces soudanaises, a mené des attaques contre des villages dans la zone de Wadi Salih au Darfour en août 2003. « Des civils ont été attaqués, violés et assassinés, leurs maisons et villages détruits, des milliers (d’habitants) ont été déplacés de force », a souligné la procureure générale.

Des personnes déplacées vivant dans le camp d’Ardamata à El-Geneina, capitale du Darfour-Occidental au Soudan, ont exprimé leur joie à l’annonce de la CPI de poursuivre leurs bourreaux

« Cette avancée dans les poursuites contre Ali Kushayb est un grand pas pour la justice rendue aux victimes d’atrocités commises à travers tout le Darfour et à leurs familles terrorisées par les miliciens janjaouid », a déclaré à Reuters, Elise Keppler, directrice adjointe du Programme Justice internationale à Human Rights Watch. « Mais l’absence à la Cour d’Omar el-Béchir et de trois autres suspects du Darfour fait grandement défaut et les autorités soudanaises devraient rapidement y apporter une réponse. »,a-t-elle ajouté. Le gouvernement soudanais de transition est en pourparlers avec la CPI sur les modalités de procès pour Omar el-Béchir et ses collaborateurs mis en cause dans les exactions au Darfour. Le conflit a éclaté en 2003 lorsque des membres de minorités ethnique ont pris les armes contre le régime de Khartoum, dominé par la majorité arabe. Il a fait 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU.

K.Fiakofi