Ethiopie : Plus de 8 500 tigréens détenus illégalement dans des camps, selon un organisme officiel

La Commission éthiopienne des droits humains (EHRC), organisme officiel, a exigé mercredi 29 juin la libération immédiate de 8 560 Éthiopiens originaires du Tigré, détenus depuis décembre 2021 dans deux camps « sans base légale et de manière discriminatoire ».

Les 8 560 éthiopiens sont issus de trois districts de la région Afar frontalière du Tigré, à savoir Abala, Konba et Berhale en lien avec le conflit en cours dans le nord de l’Ethiopie. Ils ont été contraints de se déplacer en 2014 par les forces de sécurité en collaboration avec les autorités locales dans deux camps à savoir Semera et Agatina dans la ville de Semera.
Lors d’une visite de suivi, les responsables ont constaté que “les hommes et les femmes ont été séparés, forçant les membres d’une même famille à vivre séparément. Le manque de soins humanitaires et médicaux dans les camps a entraîné des épidémies et même des morts”, selon le communiqué de la Commission de l’EHRC qui ajoute qu’il est interdit aux détenus d’aller dans un centre de santé sauf en cas d’accouchement et cela a exacerbé la situation.
Dans un des camps, les membres de la Commission ont constaté une jeune femme souffrante de trouble mentale enchaînée par sa famille, une dizaine de blessés graves, 5 enfants handicapés mentaux et des enfants de 4-5 ans souffrant de maladies de peau.

“Ils doivent être libérés immédiatement car il s’agit d’arrestations illégales et arbitraires fondées sur l’identité ethnique”, a déclaré le chef de la commission, Daniel Bekele. “S’il y a des personnes qui veulent rester dans le camp jusqu’à leur retour à leur lieu de résidence, cela doit être fait volontairement et sans aucune restriction et doivent recevoir le soutien et l’assistance nécessaires”, a-t-il ajouté.
Cependant, les responsables de la région Afar ont affirmé “restreindre les mouvements des individus pour leur propre sécurité ainsi que pour effectuer un filtrage de ceux soupçonnés de crimes ou représentant un risque pour la sécurité”, selon l’EHRC.
Lucien DAKISSAGA