Guinée : La junte lance une enquête pour récupérer des biens immobiliers de l’État

La junte au pouvoir en Guinée Conakry a annoncé le 22 février 2022, avoir lancé une enquête pour récupérer des biens immobiliers de l’État, présumés spoliés, cinq mois après le coup d’État qui a renversé le président Alpha Condé. D’anciens dignitaires sont également visés par des poursuites judiciaires pour corruption.

Cette enquête vise plusieurs anciens responsables dont les anciens Premiers ministres Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et l’ancien président de transition, Sékouba Konaté (2009-2010), selon un document du parquet général de la Cour d’appel de Conakry, consulté mardi par l’AFP, a rapporté le média Voa Afrique.

Elle vise une quarantaine de personnes pour des « faits présumés de stellionat (le fait de vendre ou hypothéquer un bien dont on sait ne pas être propriétaire), complicité, faux et usage de faux » liés à des biens immobiliers bâtis et non bâtis, selon la même source.

Outre les anciens Premiers ministres Diallo et Touré, l’ancien chef de gouvernement Lansana Kouyaté, les anciens ministres Jean-Marc Télliano, Makalé Traoré et Papa Koly Kourouma ainsi qu’un chef de parti, Faya Millimono, ont été convoqués lundi par la junte dans le cadre de la campagne de récupération de ces biens, a affirmé lundi, leur porte-parole, Cellou Dalein Diallo. A en croire ce dernier, « tous les leaders politiques ont souscrit à l’action de récupération des biens de l’État mais ont demandé que la justice soit leur boussole. (C’est) pour éviter que d’honnêtes citoyens, ayant acquis des terrains et bâtiments relevant du domaine privé de l’État ne soient injustement et arbitrairement humiliés et spoliés ».

La FNDC veut une transition transparente

De son côté, la FNDC, principale coalition de mouvements politiques et d’organisations de la société civile en Guinée, constituée notamment de partis des anciens Premiers ministres Diallo et Touré, a exigé mardi une publication des membres de l’organe dirigeant de la junte, Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD).

Dans un communiqué, la FNDC juge cette publication nécessaire « par devoir de transparence et de responsabilité dans la conduite de la transition », après convocation de plusieurs de ses membres dans cette enquête.

Par ailleurs, des poursuites judiciaires sont lancées contre certains anciens dignitaires. L’ex-ministre du Budget sous Alpha Condé (2010-2020), Ismaël Dioubaté, a été placé sous mandat de dépôt, dans une prison de Conakry et l’ex-ministre d’Etat et conseiller spécial à la présidence, pendant cette période, Tibou Camara, placé sous contrôle judiciaire, a indiqué un communiqué du parquet de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief).

Ils ont comparu mardi devant la Chambre d’instruction de la Crief et sont poursuivis pour « détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux, corruption et complicité », a précisé, dans ce communiqué signé de son procureur spécial, Aly Touré, la Crief, selon notre source.

En rappel, les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en Guinée ont fait de la lutte contre la corruption, réputée endémique, un de leurs grands combats.

Le colonel Mamady Doumbouya, chef de la junte qui s’est fait investir président, a assuré qu’il n’y aurait pas de « chasse aux sorcières » mais que la justice serait la « boussole » du pays. La junte a procédé à l’éviction de nombreux cadres des services de l’Etat.

Line Rose