Il faut protéger les infrastructures civiles lors des conflits, plaide le chef de l’humanitaire de l’ONU.

Veiller à ce que les belligérants respectent le droit international humanitaire est la première étape vers la protection des civils et des infrastructures essentielles pendant les conflits, a déclaré mardi le chef de l’humanitaire de l’ONU devant le Conseil de sécurité.

Les Casques bleus de l’ONU effectuent des patrouilles à pied et en véhicule pour assurer la protection des civils dans le centre du Mali

Les ambassadeurs des quinze pays membres du Conseil ont examiné lors d’une réunion virtuelle comment les attaques contre des infrastructures tels que les hôpitaux et les réseaux d’eau affectent les gens en temps de guerre, notamment dans le contexte de la pandémie de Covid-19 et de l’urgence climatique. « Le monde dispose d’un cadre juridique solide régissant le comportement des belligérants. Nous avons de plus en plus de bonnes pratiques pour le mettre en œuvre. Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de la volonté politique des États membres et de toutes les parties à un conflit armé de respecter les règles et de faire ce qu’il faut », a déclaré à l’agence Reuters le chef de l’humanitaire de l’ONU, Mark Lowcock. Il a dit craindre que l’émergence de groupes terroristes transnationaux ne mettent en échec des décennies de progrès durement acquis en matière de protection des civils. Ces groupes « ne prétendent même pas adhérer aux normes humanitaires de base », a-t-il dit, car ils considèrent les civils, y compris les travailleurs humanitaires, comme des cibles légitimes.« Dans le même temps, les grandes puissances militaires réorientent leur planification, leur entraînement et leurs dépenses militaires pour dissuader et vaincre les États ennemis », a-t-il ajouté. « Et lorsque les États et les groupes armés ne respectent pas ou portent atteinte au droit international humanitaire, d’autres États et acteurs non étatiques considèrent cela comme une invitation à faire de même ».

Le viol comme armes de guerre

Entre 2018 et 2020, quelque 250 attaques ont eu lieu, , tandis qu’environ 1.000 agents de santé ont été tués au cours de la dernière décennie selon l’OMS

L’utilisation « horrible » du viol et de la violence sexuelle comme moyen de poursuivre des objectifs politiques et militaires est un autre domaine d’action critique. « C’est aussi ce que nous avons vu au cours des six derniers mois dans le nord de l’Éthiopie. Les viols ne se sont pas arrêtés là-bas. Ils sont délibérément et systématiquement organisés, ciblés, fondés sur une base ethnique, et ils sont destinés à terroriser, humilier et brutaliser », a-t-il dit. Améliorer le respect du droit international humanitaire n’est qu’un moyen de renforcer la protection des civils et les infrastructures essentielles à leur survie. L’amélioration de l’identification des sites et leur inclusion dans des listes mises à jour « à ne pas viser » n’en sont qu’un exemple. « Dans le même temps, nous devons continuer à tirer parti du dialogue politique, des sanctions et des décisions de transfert d’armes pour garantir le respect de la loi et la protection des civils et des objets dont ils dépendent pour survivre », a ajouté M. Lowcock. Éviter l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées est une deuxième étape, et sur laquelle le Secrétaire général de l’ONU insiste fréquemment, a-t-il poursuivi. Le chef de l’humanitaire a cité des exemples de « bonnes pratiques » en Afghanistan et en Somalie, où l’utilisation par les forces multinationales de certaines armes aériennes a été limitée.

K.Fiakofi