
La rédaction du Quotidien Numérique d’Afrique a rencontré Younga Yassia, alias Fortune Younga, un des activistes qui soutient la transition dirigée par le Capitaine Ibrahim Traoré. À notre micro, il s’est prononcé sur la situation qui prévaut dans la sous-région ouest-africaine avec le coup d’État au Niger et les menaces de la CEDEAO ainsi que la situation nationale au Burkina Faso.
1) Que pensez-vous d’une intervention militaire de la CEDEAO au Niger et ses conséquences pour la sous-région ouest-africaine ?
Fortune Younga ( FY) : Je crois fermement que la CEDEAO a fait une grosse erreur à travers cette menace d’intervention militaire au Niger qui n’est rien d’autre que de l’intimidation envers les militaires au pouvoir. L’institution aurait dû d’abord commencer par les négociations avec les militaires qui viennent de prendre le pouvoir. Peut être que les Chefs d’État ouest-africains pensaient que cette menace allait dissuader les nouveaux maîtres de Niamey à céder le pouvoir comme ce fut le cas avec l’ancien président gambien Yahya Jammeh. Mais ils se sont rendus compte que ces militaires sont tellement déterminés avec le soutien du peuple nigérien, qu’ ils ont fait volte-face pour la voie diplomatique. Le peuple nigérien a décidé de soutenir la transition et leur idéologie pour ramener la paix, ce qui n’était pas le cas sous le régime de Mohamed Bazoum.

2) Le Mali et le Burkina Faso soutiennent les nouvelles autorités du Niger face aux menaces de la CEDEAO et ses alliés occidentaux. Que gagnerait les deux pays à travers le changement de régime à Niamey ?
FY: Nous savons tous que le régime de Bazoum Mohamed en faisant le choix d’accueillir les militaires français chassés du Mali et du Burkina Faso allait rendre la coopération militaire entre les trois pays dans la zone dite des trois frontières très difficile, alors que le Mali et le Burkina Faso avaient déjà une vision commune de la lutte qui sans le Niger ne pourrait avoir les résultats escomptés. Donc, le changement de régime au Niger est la bienvenue pour le Burkina Faso et le Mali dans ce sens que les trois pays pourront mutualiser leurs actions dans cette zone où la menace de l’extrémisme violent est très préoccupante. La coordination des actions communes entre les trois transitions va débusquer les terroristes dans cette zone et ramener la quiétude au sein de nos différentes populations.
3) Que pensez-vous des chefs d’Etat-Major des Armées de la sous-région qui ont décidé de disponibiliser leur Armée pour l’intervention militaire contre le commandement militaire de ce pays (Niger) qui est déjà en proie à l’insécurité ?
FY: Quand j’ai vu la rencontre des chefs d’Etat-Major des Armées de la CEDEAO, à l’issue de laquelle les responsables militaires ont déclaré attendre l’aval des Présidents pour mener l’opération militaire , cela m’a fait éclater de rire. Eux-mêmes ( les Chefs d’Etat-Major) savent que l’ex-président Bazoum était un soutien des terroristes au regard des déclarations qu’il a eu à tenir dans les médias. ‹‹ Les groupes terroristes sont plus aguerris que nos militaires ››, avait déclaré Bazoum dans les couloirs du journal Jeune Afrique. Des déclarations qu’un Chef de l’Armée d’un pays ne saurait tenir alors que sa propre armée paie le sacrifice suprême au front. Donc cela veut dire que Mohamed Bazoum l’ex-président du Niger était un grand soutien à ces groupes armés terroristes. Ces chefs d’état-major des armées de la CEDEAO ‹‹ en décidant ›› de vouloir intervenir militairement pour réinstaller Mohamed Bazoum au pouvoir mettent en sursis la vie de leurs éléments qui sont aux frontières des pays touchés par l’insécurité. Personnellement je conclus que les chefs d’état-major ne souhaitent pas la fin du terrorisme au Sahel.

4) Est-ce que vous pensez qu’avec la pression de la CEDEAO et la communauté internationale, le général Tchiani et ses éléments pourraient faire marche-arrière ?
FY: Je pense que le général est venu en mesurant toutes les conséquences et il a même rassuré qu’ils tiendront jusqu’au bout face aux sirènes de menace militaire et économique. Sur ce point, à l’écouter, il est tellement sincère que personnellement, je ne pense pas que les décisions de la CEDEAO pourraient l’amener à rendre le tablier. Surtout, je ne vois pas un pays de la sous-région ayant les moyens militaires pour se permettre une telle aventure ( opération militaire) sur le sol nigérien.
5) La France a décidé de suspendre son aide au développement au Burkina Faso. Selon vous, quelles peuvent être les conséquences de cette suspension ?
FY: Pour moi, cette décision de Paris de suspendre l’aide au développement pour notre pays est un non-événement, même si cela pourrait avoir des conséquences sur le panier budgétaire de la transition. Mais c’est aussi une interpellation pour tout un chacun de s’assumer et de ne pas dépendre de l’aide extérieure. Et comme l’avait dit, feu capitaine Thomas Sankara ‹‹ nous avons besoin de l’aide qui nous permet de nous passer de l’aide ››. Mais jusqu’à présent l’aide française ne nous a pas permis de nous affranchir de l’aide ce qui amène à des questionnements sur l’importance de cette aide pour nos pays qui aspirent à la souveraineté totale. Dans le passé, le peuple burkinabè a déjà affronté cela et j’ai l’intime conviction que comme dans le passé le même peuple accepterait de se sacrifier pour son honneur et sa dignité.
6) Concernant la situation sécuritaire au Burkina Faso, pouvons-nous dire qu’il y a des avancées significatives dans la lutte contre le terrorisme depuis l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré aux affaires ?
FY: Tout d’abord, il faut savoir que l’arrivée des militaires au pouvoir à de pareils moments donne de la joie et de l’espoir aux populations. Ils ( les militaires) sont au front et connaissent la réalité du terrain donc par conséquent sauront prendre les décisions qui leur permettront de faire face à l’ennemi. Pour revenir dans le passé, nous avons été les soutiens du Coup d’État du Lieutenant-colonel Paul Henri Sandoago Damiba , même si nous avons constaté à un moment que ce pouvoir n’était pas là pour faire prévaloir les aspirations du peuple burkinabè. Mais depuis que le Capitaine Ibrahim Traoré est arrivé au pouvoir beaucoup de choses ont changé. Les troupes sont équipées et prêtes pour aller au combat, ces deux choses sont des acquis redevables à la vision du capitaine. Les FDS et VDP travaillent contre vents et marées pour ravitailler certaines zones qui étaient inaccessibles sous les anciens régimes et cela donne de la joie aux personnes déplacées. Actuellement, ce que nous voyons sur le terrain nous rassure que nous aurons de meilleurs lendemains. J’ai des nouvelles du terrain que certaines personnes n’arrivent pas à avoir parce que je pars souvent dans les zones où se trouvent des détachements militaires et bases de VDP pour les encourager et m’enquérir de leur moral. Ce qui fait d’ailleurs le constat que la situation sécuritaire va s’améliorer vu les actions et l’engagement de nos combattants. En dehors de toute volonté de manipuler l’opinion, l’amélioration sur le terrain est évident, mais il ne faudrait pas oublier que le problème date depuis presque 8 ans. Par exemple, quand vous prenez la région du Nord, les populations avaient commencé à décrier la dégradation de la situation sécuritaire, mais avec la prompte réaction des forces de défense et de sécurité et les Volontaires pour la défense de la Patrie ( VDP) , le calme revient dans cette zone. C’est pour dire, que les autorités actuelles savent ce qu’elles font pour un retour de la sécurité sur notre territoire.
7) Quels sont vos derniers mots ?
FY: Je lance un appel à tous les burkinabè de rester mobilisés derrière les FDS et VDP qui font un travail remarquable sur les différents fronts face aux groupes armés terroristes. Il est temps pour tous les partisans de la paix que nous sommes, de nous départir de toutes associations avec des personnes qui conspirent contre la transition et d’augmenter la veille citoyenne.
Lucien DAKISSAGA