L’histoire de Joséphine Bakhita, de l’esclavage à la Saintété chrétienne

Joséphine Bakhita (1869-1947), est une ancienne esclave soudanaise devenue sainte, grâce à sa croisade en 1887, avec Illuminato Checchini, un homme droit qui lui donna un crucifix en argent. Elle a été canonisée en l’an 2000 par le pape Jean-Paul II. Nous vous proposons son portrait.

Une enfance épouvantable sous les chaînes de l’esclavage

Issue d’une famille royale et modeste, Joséphine Bakhita, est originaire de la province du Darfour, à Olgossa, à l’ouest de Nyala, près du Mont Agilerei, dans la tribu nubienne des Dadjo. En 1874, alors qu’elle n’a que 5 ans, sa sœur Kishmet est enlevée par des trafiquants d’esclaves qui saccagent de passage son village. Vient son tour 4 ans après (1878). Cette fois-ci, ce sont des négriers musulmans qui l’enlèvent pour la revendre à plusieurs reprises, sur les marchés d’El Obeid et de Khartoum. Elle finira par être achetée par un général Turc qui va lui infliger des mauvais traitements. Sous le choc, elle perd en mémoire son nom. C’est alors qu’elle prit le nom de Bakhita “la chanceuse” en arabe.

En 1883, alors qu’elle a 14 ans, la chance va la sourire. Elle sera achetée par le consul d’Italie à Khartoum, Calisto Legnani. C’est une lueur d’espoir qui s’est ouverte à l’horizon, car cette période marque la fin des cicatrices. Les mauvais traitements, elle n’en subira plus. Elle souligne que malgré qu’elle n’ait pas totalement sa liberté, les choses ont vraiment évolué dans sa vie. Selon le journal La Croix, dans sa mémoire, Joséphine Bakhita confie être traitée avec bonté et vivre en paix durant cette période. Deux ans plus tard, le consul Callisto Legnani va la confier au couple Michieli (Augusto et Maria). Elle suit alors sa nouvelle « famille » à son domicile de Zianigo (hameau de Mirano Veneto, près de Venise) et, pendant trois ans, elle occupe la fonction de gouvernante et prend soin de la petite-fille dénommée Mimmina de Mme Michieli à l’institut des catéchistes de Venise, tenu par les religieuses canossiennes.

Sur le chemin de la foi chrétienne

En 1889, alors qu’elle n’a que 20 ans, elle souhaite rester chez les sœurs mais n’obtient pas la caution de ses propriétaires. Il a fallu donc un procès pour trancher sur son sort. C’est à cet effet, selon le site Notre histoire avec Marie,  que le Procureur du roi va trancher sur la question en ces termes : « N’oubliez pas, Madame, que nous sommes ici en Italie où, Dieu merci, l’esclavage n’existe pas. Seule la jeune fille peut décider de son sort avec une liberté absolue ». Le procès est en sa faveur et elle resta chez les catéchumènes. C’est la fin officielle de son calvaire en tant que servante. L’année suivante, le cardinal Domenico Agostini, Archevêque de Venise, la baptise et elle reçoit la confirmation. Elle s’appelle désormais Joséphine (Giuseppina, en fait, Gioseffa) du nom de sa marraine de baptême. Trois ans plus tard, elle demande à devenir religieuse. « Ni la couleur de la peau, ni la position sociale ne sont des obstacles pour devenir sœur », lui répond alors la supérieure de canossiennes, sœur Anna Previtali, selon le journal La Croix. Elle entre au noviciat en 1893 un an et demi après, le 21 juin 1895, le jour de la fête du Sacré-Cœur, c’est sa prise d’habit.

Elle est béatifiée en 1992 et canonisée par Jean-Paul II le 1er octobre 2000

Le 8 décembre 1896, à Vérone (Vénétie), elle prononce ses premiers vœux dans la maison même où la fondatrice, Madeleine de Canossa, a vécu. Elle reçoit aussi la médaille de Notre-Dame des douleurs. En 1910, elle commence à écrire son histoire. Lorsque la première guerre mondiale éclate, leur maison sera utilisée comme hôpital. Toutefois, elle exécutera ses tâches avec dévouement. En 1922, elle est victime d’une pneumonie, qu’elle va surmonter mais gardera les séquelles. En 1927, elle prononce des vœux perpétuels. Pendant plus de 50 ans, elle s’occupera de la cuisine, de la lingerie et de la conciergerie dans la communauté des canossiennes à Schio, dans la province de Vicence. Très aimée dans cette localité, elle est affectueusement appelée « petite mère noire » (Madre Moretta). Elle répétait : « Soyez bons, aimez le Seigneur, priez pour ceux qui ne le connaissent pas. Voyez comme est grande la grâce de connaître Dieu. »

Après une chute accidentelle en 1942 où elle sera obligée de marcher avec une canne,  en 1943, sa santé décline totalement. Ces déplacements se font désormais en fauteuil roulant.  Le 8 février 1947, elle rendit l’âme et sa dépouille est conduite au cimetière de Schio dans le tombeau de la famille Gasparella, en signe de reconnaissance envers la défunte. Le 1er décembre 1978, Jean-Paul II signe le décret d’héroïsme de ses vertus et, le 17 mai 1992, il la déclare bienheureuse. En 1995, il déclare Joséphine Bakhita, Patronne du Soudan et la canonise, le 1er octobre 2000 à Rome. Chaque 8 février, elle est célébrée en souvenir du jour de son rappel à Dieu. Plusieurs personnes continuent de demander son intervention pour obtenir la grâce.

Lucien DAKISSAGA