Mali/Éthiopie : La polarisation des médias menace la liberté de la presse et la paix (Indice)

Reporters sans frontières RSF a publié la semaine dernière la 20e édition de son Classement mondial de la liberté de la presse, dans lequel il a souligné une double augmentation de la polarisation amplifiée par le chaos de l’information.

La polarisation des médias apparaît comme un obstacle primordial qui entrave les progrès dans les régions d’Afrique en proie aux conflits, où elle devient également rapidement une menace ouverte pour la paix et la sécurité. Peu de pays illustrent mieux cette sombre tendance, selon Reporters sans frontières que le Mali et l’Éthiopie dans la Corne de l’Afrique. Au Mali, l’incertitude politique et les tensions entre le gouvernement et la France se sont accrues depuis qu’un coup d’État militaire a porté le colonel Assimi Goita à la tête du pays. Des ONG dont Human Rights Watch ont accusé la junte malienne de cibler des civils innocents, plus de 100 personnes auraient été tuées depuis décembre .Le Mali a déclaré que les informations selon lesquelles son armée avait commis des abus contenaient de fausses allégations visant à déstabiliser le gouvernement. La Haute Autorité de la communication du Mali a décidé d’interdire RFI et France 24 sur les ondes maliennes. La porte-parole du bureau des droits de l’homme de l’ONU, Ravina Shamdasani, a averti que le climat actuel au Mali est « celui qui a un effet dissuasif omniprésent sur les journalistes ».Alors que l’espace de libre expression est sévèrement restreint au Mali, les plateformes de médias sociaux jouent un rôle de plus en plus important. Le Mali est désormais classé 111e sur les 180 pays suivis dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse, soit une baisse de 12 places par rapport à 2021.

Atteinte grave à la liberté de presse

Dans l’est du continent, les troupes fédérales éthiopiennes déployées par le Premier ministre, Abiy Ahmed,combattent le Front de libération du peuple du Tigré TPLF depuis novembre 2020. Des journalistes et des groupes de défense des droits humains ont signalé de graves abus dans le pays, principalement des massacres et des atrocités violentes. Les victimes accusent les soldats fédéraux éthiopiens, les milices régionales d’Amhara et les forces érythréennes. La haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a déclaré à l’agence Reuters que de graves violations du droit international pourraient avoir été commises par l’Éthiopie, l’Érythrée et le TPLF.L’Éthiopie est classée 114e dans le dernier classement de la liberté de la presse, 13 places de moins que l’année dernière. L’indice de cette année montre que les nouvelles libertés sont gravement menacées. Le Comité pour la protection des journalistes a signalé que la violation des droits des médias s’était sérieusement aggravée pendant le conflit. Plusieurs journalistes et professionnels des médias accusés d’aider les médias étrangers ont été arrêtés.En outre, les médias d’information éthiopiens sont devenus dangereusement divisés selon des critères ethniques. Facebook et Twitter ont été critiqués pour leur rôle dans le conflit. Les critiques affirment qu’ils ne font pas assez pour empêcher la propagation des discours de haine et des incitations à la violence sur leurs plateformes. La dénonciatrice de Facebook, Frances Haugen, a également déclaré que “dans des endroits comme l’Éthiopie”, les médias sociaux “attisent la violence ethnique”, une affirmation que les entreprises rejettent.
K.Fiakofi