Au cours d’un sommet ce dimanche à Accra au Ghana, les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont levé les sanctions commerciales et financières qui pesaient sur le Mali depuis janvier. Ces sanctions faisaient suite à la volonté de la junte militaire au pouvoir de prolonger le mandat de la transition pour cinq ans. D’autres décisions importantes ont été prises au sujet du Burkina Faso et de la Guinée, deux pays également dirigés par les hommes en treillis.

Les signaux étaient plutôt positifs ces derniers jours avec l’adoption par le Mali d’un certain nombre de prérequis indispensables pour l’allègement des sanctions, relate Le Figaro qui précise que les autorités ont annoncé mercredi dernier un calendrier électoral fixant la présidentielle à février 2024, le référendum constitutionnel à mars 2023, et les législatives entre octobre et novembre 2023. Ce calendrier est venu compléter l’adoption le 17 juin d’une nouvelle loi électorale et la mise en place d’une commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution. «Le sommet a décidé de lever toutes les sanctions économiques et financières à partir de ce jour» mais maintient les sanctions individuelles et la suspension du Mali des organes de la Cédéao jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel, a déclaré lors d’une conférence de presse Jean-Claude Kassi Brou, président sortant de la Commission de la Cédéao, à l’issue du 61e sommet de la Cédéao, ce dimanche 3 juillet à Accra, au Ghana. Les sanctions incluant la fermeture des frontières, le gel des avoirs maliens et la suspension des échanges commerciaux et financiers sont levées. Par ailleurs, les ambassadeurs de la Cédéao qui étaient en poste à Bamako et qui avaient été rappelés vont pouvoir aussi revenir dans la capitale malienne. Cependant l’organisation ouest-africaine a décidé du maintien des sanctions financières qui ciblent les dirigeants de la junte. Le pays reste également suspendu des instances de la Cédéao.
Le Burkina Faso doit revoir la durée de sa transition
Autre pays dirigé par une junte militaire : le Burkina Faso qui traverse une crise sécuritaire sans précédent à l’image du Mali. Après le renversement du pouvoir de l’ex- président Kaboré par un groupe d’officiers militaires conduit par le Lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, le pays se trouvait dans le collimateur de la CEDEAO. Des sanctions avaient été adoptées contre ce pays mais jamais appliquées. Les autorités de la transition avait prévu une période de transition de 36 mois. Un calendrier qui avait été rejeté par l’organisation sous régionale qui exigeait également la libération de l’ancien président gardé en résidence surveillée. Vendredi, Mahamadou Issoufou médiateur de la CEDEAO dans ce pays avait salué «l’ouverture au dialogue» des militaires et dit avoir «échangé sur le chronogramme de la transition» présenté mercredi aux leaders politiques. Mais ce dimanche la CEDEAO a annoncé un accord avec le Burkina sur une transition de 24 mois. Par ailleurs dans un communiqué dans un communiqué publié ce dimanche, le gouvernement de la transition a annoncé la mise en liberté totale de l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré. C’est à croire donc que la CEDEAO a tenu compte de l’évolution de la médiation conduite par Mahamadou Issoufou.

Changement à la tête de l’organisation
Les leaders ouest-africains ont par ailleurs rejeté dimanche les 36 mois de transition proposés par la junte guinéenne sans annoncer de nouvelles sanctions, a indiqué Jean-Claude Kassi Brou. Ils ont nommé un nouveau médiateur, l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi, un préalable indispensable pour de nombreux partis d’opposition afin de participer au dialogue voulu par le gouvernement, rapporte Le Figaro. Les dirigeants ouest-africains ont choisi comme nouveau président en exercice de la Cédéao Umaro Sissoco Embalo, président de la Guinée-Bissau. Il remplace son homologue ghanéen Nana Akufo-Addo. Le diplomate gambien Omar Alieu Touray 56 ans a lui été désigné président de la commission de l’organisation en remplacement de l’ivoirien Jean-Claude Brou.
August Don de Dieu