Nigéria : Les populations se ruent vers les plantes médicinales pour faire face à la cherté de la vie et la contrefaçon

La médecine traditionnelle connaît un boom au Nigeria depuis quelques années. À l’origine de cet engouement vers les plantes médicinales, la cherté de la vie, mais aussi, la quantité de faux médicaments sur le marché du pays. Les médecins alerte cependant  sur les dangers de ces méthodes.

Les plantes médicinales sont de plus en plus prisées au Nigeria. Depuis quelques années, de nombreux Nigérians se tournent vers les remèdes naturels pour soigner toutes formes de maladies. Et ce sont les herboristes, les tradithérapeutes qui se frottent les mains.

« Le nombre de personnes qui viennent chez nous est de loin plus élevé qu’avant. Le nombre a été multiplié par quatre parce que nous nous occupons chaque jour de personnes d’origines sociales diverses qui viennent nous demander des remèdes. Nous pouvons dire que le nombre de personnes a augmenté et que les gens apprécient maintenant plus qu’avant les remèdes à base de plantes », a expliqué au média Africanews, Abubakar Khalid, un vendeur. Plusieurs raisons expliquent ce changement d’habitude.

La vie chère!

La cherté de la vie est l’une des principales raisons de la ruée vers les plantes naturelles. De nombreux Nigérians, écrasés par un coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, se tournent vers les remèdes naturels bon marché pour espérer guérir de toutes formes de maladies, du rhume au paludisme, et même le cancer. Ces dernières années, le Nigeria, premier producteur de pétrole d’Afrique a été durement frappé par la chute des cours de l’or brut provoquée par la pandémie de Covid-19, conduisant à une inflation de plus de 17% et à l’extrême pauvreté de plus d’un tier de la population, selon VOA. La priorité des dépenses financières est donc laissée à pitance quotidienne.  « Depuis deux ans, j’utilise des remèdes à base de plantes car mes revenus ne me permettent plus de supporter les frais d’hospitalisation de plus en plus élevés », se désole M. Ahmad cité par VOA Afrique, un sac plastique à la main contenant deux préparations naturelles contre le paludisme. Chacune lui a coûté 200 nairas (45 centimes). Pour des soins à l’hôpital, il aurait payé 2.500 nairas (5,50 euros), soit douze fois plus.

Système de santé défaillant

L’utilisation de plantes médicinales est une tradition au Nigeria, surtout dans les communautés traditionnelles, mais ces remèdes naturels sont de plus en plus populaires. Les herboristes affirment qu’avec le pouvoir d’achat amoindri et un système de santé défaillant, leurs ventes ont explosé. A en croire notre source, le système de santé nigérian est un des plus défaillants au monde, classé 163 sur 191 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). D’après l’Association des médecins du Nigeria (MNA), le pays ne dispose que de 40.000 médecins, soit deux docteurs pour 10.000 habitants. Un chiffre bien en-deçà du seuil de l’OMS, fixé à un médecin pour 600 habitants.

Et, pour ne rien arranger, un énorme volume de faux médicaments se retrouvent sur le territoire. L’agence nationale de contrôle qualité, la Nafdac, estime qu’au moins 17% des médicaments ne sont pas conformes aux normes.

Cocktail mortel

Au Nigeria, comme dans d’autres pays du continent, la phytothérapie est un art conservé au sein de certaines familles et qui se transmet de génération en génération. Sauf que cette alternative, efficace pour beaucoup, peut aussi présenter des risques, selon les médecins, qui alertent sur l’existence de faux remèdes et de nombreux herboristes charlatans. Certains de ces produits peuvent facilement conduire à la mort.

Les autorités du pays sont interpellées sur le renforcement et la qualité des soins, afin que la population puisse regagner confiance en leur système de santé.

Line Rose