OSC au Burkina Faso : Officines politiques ou actrices de la veille citoyenne ?

Les organisations de la société civile au Burkina Faso sont pour la plupart apolitiques mais dans les faits, force est de constater que beaucoup d’entre elles s’immiscent dans la gestion de la chose politique en prenant position ouvertement pour ou contre des décisions politiques. Un engagement qui éveille des soupçons au sein de la population qui les accuse à tort ou à raison d’être à la solde des acteurs politiques.

Des OSC de la société civile au Palais présidentiel de Kossyam

Les organisations de la société civile constituent le fer de lance de la société civile. Leur rôle est d’amener l’Etat, les gouvernants et ses démembrements à rendre compte de leurs actes dans le cadre de l’amélioration de la bonne gouvernance et l’allègement de la pauvreté. Au Burkina Faso, les OSC ont été de tous les combats depuis les années de l’indépendance de notre pays, mais ces dernières décennies, le nombre et les actions des Organisations de la société civile sur le terrain ont considérablement augmenté. Pas une semaine ne passe sans qu’une OSC ne s’exprime dans la presse. Les meetings et les marches sont organisés pour protester ou pour soutenir des décisions ou des hommes politiques. Cet engagement des OSC éveille des soupçons. En effet, on entend beaucoup de la société civile, on en dit tellement qu’il n’est plus rare d’entendre que les organisations de la société civile sont des organisations vassales de la politique. Une grave accusation des populations lorsqu’elles ne savent plus à quel saint se vouer. Pour elle, plus la peine de se poser des questions sur le type de société civile qui existe dans notre pays. En vérité, à leur niveau, elles ont déjà tranché. A tort ou à raison, elles pensent que les organisations de la société civile sont des organisations au solde de l’Etat et des acteurs politiques. Pourtant leur rôle est d’amener l’Etat, les gouvernants et ses démembrements à rendre compte de leurs actes dans le cadre de l’amélioration de la bonne gouvernance et l’allègement de la pauvreté. Une mission devenue un prétexte pour nombre d’organisations de la société civile qui, semblent avoir perdu leur chemin. « Le rôle de notre société civile, c’est d’avoir un regard critique en vue d’apporter des solutions pour aider ceux qui nous dirigent à mieux nous gouverner, mais malheureusement elles sont inexistantes ici et méconnues », selon une grande partie de la population.

Pascal-Zaida et Marcel Tankoano, deux figures emblématiques de la société civile burkinabè

Des organisations jugées faibles, peu crédibles ou muettes et même frileuses.

Pour certains observateurs critiques, ces porte-paroles de la communauté défendent souvent des programmes qui bénéficient davantage à eux-mêmes qu’à la majorité démunie. Selon eux, « On a une société civile muette, qui a peur de s’exprimer, parce que beaucoup sont corrompus. Ils préfèrent les pots de vin qu’à la vérité ». « Les OSC ne sont pas tout à fait indépendante. Ce sont des OSC qui émanent des lobbys et qui ne sont pas financièrement autonomes. Ils ne peuvent pas jouer un bon rôle au sein de la communauté parce qu’elles sont téléguidées comme par une ficelle ».
Un manque d’autonomie financière qui tente à affaiblir leur capacité à se profiler en contre-pouvoir mais plutôt en partenaire crédible pour les politiques. « Cette société civile est à la solde des gouvernants. Elles ne peuvent donc que de faire des choses qui arrangent le gouvernement », disent certains analystes politiques.
Pour les populations, la société civile devrait exprimer toute la vitalité de la vie sociale, basée sur la libre volonté de tous, loin de tout rapport d’autorités ou d’intérêt privé. Les populations n’ont qu’un souhait, faire en sorte que ces diverses organisations, porteuse de leurs espoirs puissent davantage être crédibles, mais comment y arriver ? Comment défendre les intérêts de la population sans heurter l’autorité ? La question reste posée.
Dougoutigui