RDC : l’état de siège entre en vigueur dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri

L’état de siège est entré en vigueur jeudi 6 mai en République démocratique du Congo dans les provinces meurtries du Nord-Kivu et de l’Ituri. Des gouverneurs militaires et des vice-gouverneurs de la police ont été nommés. Il est question de restaurer la paix dans ces provinces en proie à des conflits et aux groupes armés depuis plus de vingt ans.

Le général Johnny Nkashama, un ancien de la rébellion du RCD Goma, est nommé gouverneur dans la province de l’Ituri.

En République démocratique du Congo, la justice militaire vient de prendre le pas sur les juridictions civiles avec l’état de siège instauré dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Le président Félix Tshisekedi a décidé de transférer les pouvoirs des autorités civiles à des autorités militaires pour un mois, y compris dans le domaine de la justice. La tâche de ses derniers est énorme. Les nouveaux gouverneurs sont appelés à administrer les dites provinces tout en menant des opérations militaires. L’objectif est clair, restaurer la paix dans ces provinces en proie à des conflits et aux groupes armés depuis plus de vingt ans. A en croire Rfi, ces gouverneurs militaires vont disposer de pouvoirs considérables, perquisitions de jour et de nuit, interpellations, interdictions de circuler ou de publier tout ce qui pourrait nuire aux opérations. L’objectif est clair : rien ne doit entraver la conduite des opérations. « Il n’y aura plus d’excuses », avait justifié le ministre de la Communication, expliquant que, depuis vingt ans, rien n’avait marché, mais que l’état de siège n’avait pas été essayé.

Des rebelles nommés gouverneurs

Selon les ordonnances de la présidence transmises à la presse, il est stipulé que le général Johnny Nkashama et le commissaire divisionnaire Benjamin Alonga Boni sont nommés dans la province de l’Ituri. Alors que le général Constant Ndima et le commissaire divisionnaire, Romy Ekuka Lipopo, sont eux nommés au Nord-Kivu. Des nominations qui suscitent déjà la polémique dans le pays. Et pour cause, les nouveaux gouverneurs sont des anciens rebelles. En effet, le général Constant Ndima qui était jusque-là le chef d’état-major général adjoint chargé de l’administration et de la logistique est un ancien rebelle du MLC de Jean-Pierre Bemba, cité dans un rapport d’enquête de l’ONU comme le patron de l’opération appelée « Effacer le tableau » en Ituri. Des combattants dont ceux du MLC avaient été accusés d’avoir massacré et violé des Nandés et des Pygmées, suspectés d’être proches d’une autre rébellion entre 2002 et 2003. Une accusation démentie par la présidence. Le général Luboya Nkashama, l’ancien patron de la première zone de défense, qui inclut entre autres Kinshasa et commandant de la 13e région militaire de l’Équateur, est un ancien de la rébellion du RCD Goma, considéré comme proche du Rwanda. Le RCD Goma avait un temps administré cette province, ce qui est d’ores et déjà pointé par certaines organisations de la société civile.

Les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri sont meurtries par des conflits et des groupes armés, depuis cinq ans

La société civile a promis une surveillance constante des conditions d’application de l’état de siège. Un conseiller de la présidence cité par Rfi a également assuré que les actions des gouverneurs seraient scrutées. Des résultats positifs sont très attendus de cette nouvelle mesure adoptée pour venir à bout des conflits et des groupes armés dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.

Line Rose