Somalie : L’ancien chef d’Etat, Hassan Cheikh Mohamoud, élu président

Les députés somaliens ont élu dimanche 15 mai 2022, l’ancien président, Hassan Sheikh Mohamud, comme prochain président du pays, à la suite d’une élection attendue depuis longtemps sous haute sécurité.

Hassan Sheikh Mohamud, qui a dirigé la Somalie entre 2012 et 2017, a remporté l’élection dans la capitale, Mogadiscio, au milieu d’un verrouillage de sécurité imposé par les autorités pour empêcher les attaques meurtrières des rebelles. Après un sondage marathon, impliquant 36 candidats, qui a été diffusé en direct sur la télévision d’État, les responsables parlementaires ont compté plus de 165 voix en faveur de Mohamud, plus que le nombre requis pour vaincre le président sortant Mohamed Abdullahi Mohamed. « Il est vraiment remarquable que le président soit ici à mes côtés, nous devons aller de l’avant et jamais en arrière, nous devons panser nos blessures », a déclaré à l’AFP le nouveau président, immédiatement investi, en évoquant son prédécesseur, Farmaajo. « Je salue mon frère ici, le nouveau président, Hassan Cheikh Mohamoud, et lui souhaite bonne chance face à l’énorme tâche qui l’attend », a déclaré Farmajo, lui promettant sa « solidarité » .Les partisans du nouveau dirigeant somalien ont défié le couvre-feu pour envahir les rues de Mogadiscio, applaudissant et tirant des coups de feu alors qu’il devenait clair que Mohamud avait remporté le vote. Beaucoup espèrent que l’élection tirera un trait sur une crise politique qui dure depuis plus d’un an, depuis la fin du mandat de Mohamed en février 2021, sans élection. Mohamud, 66 ans, est le chef du parti Union pour la paix et le développement, qui détient la majorité des sièges dans les deux chambres législatives. Membre du clan Hawiye, l’un des plus importants de Somalie, Mohamud est considéré par certains comme un homme d’État à l’approche conciliante. Il est également bien connu pour son travail en tant que leader civique et promoteur de l’éducation, notamment pour son rôle en tant que l’un des fondateurs de l’Université SIMAD de Mogadiscio.

Un an de crise politique

Le mandat de Farmaajo était arrivé à échéance en février 2021, sans accord avec les dirigeants régionaux sur l’organisation de nouvelles élections. La prolongation de deux ans de son mandat par les députés en avril 2021 avait déclenché des combats à Mogadiscio, ravivant le souvenir des décennies de guerre civile qui ont ravagé le pays après 1991. Ces derniers mois ont aussi été marqués par une rivalité croissante entre Farmaajo et son premier ministre, Mohamed Hussein Roble, qu’il avait chargé d’organiser les élections. Depuis un an et demi, la communauté internationale a multiplié les appels à boucler les élections, estimant que les retards détournaient les autorités de la lutte contre les islamistes radicaux Chabab, affiliés à Al-Qaida, qui mènent une insurrection dans le pays depuis quinze ans. Ces derniers mois, ces derniers ont intensifié leurs attaques, menant notamment un sanglant double attentat dans le centre du pays, le 24 mars avec 48 morts, suivie plus tard d’une attaque d’envergure contre une base de la force de l’Union africaine avec 10 morts, selon un bilan officiel.
K.Fiakofi