Soudan: Face à la colère de la rue, l’armée décide de céder le pouvoir aux civils

Au Soudan, la colère de la rue a amené l’armée à céder le pouvoir à un gouvernement civil. L’annonce a été faite, lundi 3 juillet, par le général Abdel Fattah al-Burhane, qui dirige le Soudan depuis le putsch du 25 octobre.

Une alliance avait été scellée entre la population et les militaires afin de diriger le pays après la chute de Omar El-Béchir , en 2019 suite à la colère de la rue. Mais cette alliance a été interrompue quand les militaires, une fois de plus, se sont accaparés du pouvoir en 2021 face à un peuple qui n’avait toujours pas oublié les décennies de la gestion militaro-islamiste du pouvoir de Omar El-Béchir. Malgré, les nombreuses manifestations dans les rues de Khartoum émaillées de violences, la population n’a pas laissé le choix aux militaires que de rendre le pouvoir à un gouvernement civil.

Dans une allocution télévisée, le chef de l’armée et numéro un du Conseil souverain, plus haute autorité du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane a annoncé que “l’armée ne participera plus au dialogue” national lancé sous l’égide de l’ONU et de l’Union africaine (UA) notamment, pour laisser les forces civiles former “un gouvernement de personnalités compétentes”, selon la presse soudanaise.
“Après sa formation (…) nous allons dissoudre le Conseil souverain et former un conseil suprême des forces armées”, qui englobera également des paramilitaires et ne sera plus en charge que des questions de “défense et de sécurité”, a ajouté le général qui est à la tête du pays depuis le 25 octobre 2021.

Il faut noter que depuis l’indépendance du Soudan en 1956, des généraux se sont succédé à la tête du pays jusqu’à la gouvernance d’Omar El-Béchir chassé par la rue en 2019 et celle du général Abdel Fattah al-Burhane mise à rude épreuve par la rue et qui a donc décidé de céder le pouvoir aux civils. Pour les contestataires, il ne devrait pas y avoir de partenariat ni de négociation avec les généraux, qui selon eux, ont trahi le peuple depuis belle lurette. D’après les manifestants pro-démocratie, le nombre des victimes de la répression des forces de l’ordre s’établit à 114 morts et des milliers de blessés depuis octobre 2021.

Lucien DAKISSAGA