Dans un communiqué publié le dimanche 14 août 2022, le Gouverneur de la région du Sud-ouest Boureima Sawadogo s’est indigné de la diffusion de déclarations à caractère « xénophobe » sur les réseaux sociaux. Ces messages audios selon lui contiennent des appels à exactions sur certaines communautés ethniques dans son espace territorial. Aussitôt révélée, cette information a fait réagir de nombreux Burkinabè dont l’ancien chef de la diplomatie Alpha Barry.

Selon les révélations faites par le Gouverneur Boureima Sawadogo, les auteurs desdites déclarations invitent les populations autochtones de la région à l’union pour chasser de leur terroir certaines communautés qu’ils estiment étrangères et complices des terroristes. « Ces comportements d’une autre ère ne sauraient être tolérés dans un Etat républicain », a fait savoir Boureima Sawadogo. Il a par la suite invité les populations à se départir de ces types de comportements et rappelé par la même occasion que le terrorisme n’est nullement lié à une religion, une communauté ou une ethnie. Outre le Gouverneur de la région du Sud-ouest, d’autres citoyens burkinabè ont également condamné la diffusion de ces messages.

Alpha Barry alerte sur la mise à mal du “vivre-ensemble”

C’est le cas de l’ancien ministre des affaires étrangères qui a réagi le 17 août 2022 via son compte Facebook. « Attention au risque d’une vraie guerre civile! (…) Les derniers appels à l’extermination des Peuls dans la région du sud-ouest de notre pays le Burkina Faso à travers des audios nous oblige à parler. En effet, ce que nous entendons à travers certains audios qui circulent est plus qu’inquiétant pour des populations peuls innocentes installées dans cette région. C’est aussi inquiétant pour notre cohésion nationale et notre vivre-ensemble », a alerté Alpha Barry. Pour lui, l’éradication du terrorisme ne saurait passer par l’extermination d’une communauté donnée. Pire, soutient-il, au regard des expériences passées, mettre en œuvre une telle méthode contribuerait à aggraver le conflit. « Une fois qu’on aura exterminé les populations peuls (Dieu nous en garde et je touche du bois) dans leur campement, comment ça va se terminer ? (…) Y a t’il la paix et la sécurité aujourd’hui à Kaïn après la tuerie de 146 villageois peuls en février 2019? A Barga après l’extermination de 43 villageois peuls en mars 2020, etc ? Non ! », a analysé l’ex ministre Alpha Barry. Pour éviter au Burkina Faso de vivre une « vraie guerre civile », le promoteur de Oméga Médias a convié ses compatriotes à faire preuve de lucidité et d’union sacrée dans la lutte contre l’hydre terroriste.

Abdoul Karim TAPSOBA