Zimbabwe: L’état s’approprient les terres abandonnées par les agriculteurs noirs

Le Zimbabwe a commencé à reprendre possession des terres abandonnées des agriculteurs noirs touchés par les réformes agraires controversées, selon une source du ministère  en charge de l’Agriculture.

Les personnes dont les terres agricoles sont inutilisées et celles qui possèdent plusieurs fermes perdront des terres, a déclaré, mercredi, Anxious Masuka, ministre de  l’Agriculture. Selon ses dires, les parcelles seront ensuite réattribuées aux aspirants agriculteurs à partir d’une liste d’attente laissée par les cycles précédents de processus de réforme agraire.Le Zimbabwe ne dispose pas de terres arables illimitées », prévient le ministre. « 99% des terres sont déjà occupées et celles que nous distribuons aux agriculteurs inscrits sur la liste d’attente sont prises à des Noirs, pour être redistribuées à des Noirs ».Le gouvernement ne reprendra pas possession des fermes productives,

Des réformes agraires pour changer l’héritage colonial

L’ancien président Robert Mugabe avait fait exproprier de force les fermiers Blancs du pays en 2000, afin de redistribuer leurs terres à des agriculteurs Noirs. Cette décision visait à réparer les inégalités issues de la colonisation britannique, mais dans les faits, des proches du pouvoir avaient largement bénéficié de cette redistribution. Les nouveaux propriétaires, mal formés et peu équipés, avaient abandonné de larges pans de terres arables et le pays fait face à des pénuries alimentaires chroniques. En 2017, Emmerson Mnangagwa avait adopté un discours réformiste et promis de panser les plaies des réformes agraires et d’indemniser les agriculteurs expropriés.

 Assurer l’autosuffisance alimentaire

Certains fermiers Blancs ont déjà été autorisés à récupérer des terres à travers des partenariats locaux, a souligné  Anxious Musaka. « Il n’y a pas de critères particuliers », a assuré à l’AFP Vangelis Haritatos, adjoint du ministre de l’Agriculture. « Ce que nous voulons, c’est un système juste pour le plus grand nombre », « nous souhaitons atteindre l’autosuffisance alimentaire », ajoute-t-il. Selon le Réseau d’alerte rapide anti-famine, environ 10 millions de Zimbabwéens, soit les ⅔ de la population, sont menacés par la faim après une saison pluvieuse décevante. Pourtant, le pays dépend largement des donateurs pour ses approvisionnements en produits alimentaires.

K.Fiakofi