Conflit au Soudan: Pas de pourparlers de paix entre les deux chefs de guerre qui se disputent le pouvoir

Les deux généraux belligérants dans le conflit au Soudan n’ont pas pu se rencontrer comme c’était prévu le jeudi 28 décembre 2023 à Djibouti. Cette situation retarde la possibilité de trouver les voies et moyens pour une sortie de crise, alors que les populations continuent d’être victimes des atrocités des deux camps.
Le conflit qui a éclaté entre le chef du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan, Abdel Fattah al-Burhan, et le général Mohamed Hamdan Daglo Hemedti , premier responsable des forces paramilitaires dure depuis presque 9 mois. Environ 12.000 civils ont été tués et des millions de personnes ont été contraintes au déplacement forcé dans ce conflit de pouvoir entre les deux généraux. Pour trouver une solution à cette guerre qui n’est pas la première que le Soudan fait face dans son l’histoire, il était prévu une tête à tête entre les belligérants à Djibouti le jeudi 28 décembre 2023. Mais la rencontre a été annulée quelques heures après que le chef des paramilitaires des forces de soutien rapide, le général Mohamed Hamdan Daglo Hemedti ait signalé qu’il n’était pas disponible. Hemedti était en visite en Ouganda pour une réunion d’une journée, selon son agenda fourni par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), le bloc régional qui joue le rôle de médiateur dans les négociations entre les deux généraux. « La réunion prévue à Djibouti le 28 décembre 2023 a été reportée début 2024 pour des raisons techniques », indique une dépêche du ministère djiboutien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Le chef du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan, Abdel Fattah al-Burhan a reproché à celui qui était son numéro 2 avant le conflit, le général Mohamed Hamdan Daglo Hemedti de vouloir retarder les pourparlers. « Le gouvernement du Soudan regrette la procrastination des Forces de soutien rapide à chercher une voix de la raison, et cela ressort clairement de leur manque de réponse à leur participation à la réunion de demain », a indiqué un communiqué du ministère soudanais des Affaires étrangères, cité par The East African. Chose rare, dans ce communiqué, le régime transitoire ont pour la première fois fait référence nommément aux Forces de soutien rapide depuis le début de la guerre le 15 avril dernier. Il les qualifiait auparavant de groupe rebelle criminel. De leur côté, les forces de soutien rapide se dit toujours attachée à l’appel à une réunion de l’Igad ainsi qu’aux appels à mettre fin à la guerre et à autoriser des couloirs humanitaires. Mais les dernières violences dans l’État d’al-Jezira, au sud de Khartoum, ont poussé au moins 300 000 nouvelles personnes déplacées à l’intérieur du pays, fuyant pour se mettre en sécurité, selon les agences de l’ONU. Notons que les multiples conflits (coup d’État, conflits religieux etc..) dans ce pays ont entraîné la division du pays en deux avec la création du Soudan du Sud en 2011. La guerre a continué dans ce nouveau pays entraînant des milliers de morts. Selon une étude du London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM) publiée le 25 septembre 2018, il ressort que le conflit au Soudan du Sud a fait 383 000 morts entre décembre 2013 et avril 2018. La moitié des victimes étant dues aux violences et l’autre moitié étant causée par la famine ou les maladies.

Lucien DAKISSAGA