Anne Zingha, reine du Ndongo et du Matamba, symbole national angolais

Njinga Mbandi, connue également sous le nom de Nzinga du Ndongo et du Matamba, fut reine du royaume de Ndongo et du royaume de Matamba dans l’actuelle Angola. Elle est aujourd’hui un symbole national. Les anticolonialistes et les féministes revendiquent Njinga pour sa longue résistance aux Portugais.

Les Angolais se souviennent de Nzinga pour ses compétences politiques et diplomatiques ainsi que pour sa brillante tactique militaire

Zingha est née vers 1581, ou en 1582, sept ans après la première expédition militaire portugaise sur les côtes de l’Angola. De l’ethnie Mbundu, elle est prénommée Njinga parce qu’elle est née avec le cordon ombilical autour du cou. La tradition veut que les enfants nés ainsi deviennent des adultes fiers et hautains ; une femme sage aurait dit à sa mère que Nzinga serait reine un jour. Elle se souvient avoir été choyée par son père, qui l’autorise à l’assister lorsqu’il gouverne son royaume et qui l’emmène avec lui lorsqu’il va faire la guerre.
Selon Jeune Afrique, à la mort de son père, le roi du Ndongo Ngola Mbandi Kiluanji en 1617, le frère d’Anne Zingha, Ngola Mbandi, le remplace à la tête du royaume. Peu charismatique, à l’inverse de son père, il est également moins intelligent que sa sœur. Ce dont il a conscience : en 1622, Ngola Mbandi envoie Anne Zingha à Luanda en émissaire, afin de négocier un traité de paix avec le gouverneur du Portugal. Lors de cet entretien, Anne Zingha s’impose comme une redoutable négociatrice et diplomate.

Anne Zingha était une femme instruite et cultivée. En plus de sa langue maternelle, elle parlait portugais, atout de taille pour traiter avec ses adversaires.

Une souveraine diplomate et instruite

A la mort de son frère, elle prend le pouvoir, et devient reine. Ses tactiques guerrières et d’espionnage, ses qualités de diplomate, ses jeux d’alliances stratégiques ainsi que sa connaissance des enjeux commerciaux et religieux lui permettent de faire résister les royaumes du Ndongo et du Matamba aux velléités coloniales des Portugais et des Néerlandai. Redoutable stratège et diplomate, l’ensemble de son règne a consisté à préserver l’intégrité territoriale de son royaume, par la négociation avec les Portugais. Anna Zingha envoyait régulièrement des espions à Luanda pour étudier l’entraînement des troupes portugaises, afin de préparer son armée aux combats. Les enjeux religieux et commerciaux n’avaient aucun secret pour elle, et elle s’en servait pour négocier avec les Portugais. La promesse de conversion des peuples du Ndongo et du Matamba au christianisme était sa principale monnaie d’échange : elle s’est elle-même, fait baptiser en 1623, lors d’une visite à Luanda.
Selon le dictionnaire numérique Wikipédia, bien plus tard, elle sut aussi jouer les Capucins contre les jésuites, qui faisaient la promotion du trafic d’esclaves, en profitant des rivalités au sein du monde catholique après la Restauration portugaise de 1640, quand la papauté a demandé à l’ordre des Capucins de s’impliquer plus en Afrique, afin que la politique de l’Église soit plus équilibrée que celle des Jésuites portugais.
En 1657, fatiguée de ses incessantes luttes, Zingha signe un traité de paix avec le Portugal. Elle y inséra une clause engageant les Portugais à soutenir le maintien de sa famille au pouvoir et, faute d’un fils pour lui succéder, elle tenta de marier sa sœur à João Guterres Ngola Kanini. Le mariage ne fut toutefois pas autorisé, les prêtres affirmant que ce dernier avait déjà une femme à Ambaca. Malgré de nombreuses tentatives de coup d’État, en particulier du Kasanje, dont les groupes imbangala rôdaient toujours au sud, elle mourut paisiblement le 17 décembre 1663 au Matamba, à l’âge de 80 ans. Une guerre civile éclata mais Francisco Guterres Ngola Kanini parvint à lui succéder.

Symbole de résistance et de liberté

Elle reste un repère culturel, et une figure historique essentielle afin de comprendre la construction de l’identité angolaise. Durant la guerre de libération de l’Angola (1961 – 1974), sa mémoire a souvent été rappelée par les leaders de l’indépendance, qui l’ont érigé en icône. En 1975, à l’indépendance du pays, une statue a été érigée en son honneur à Luanda, comme symbole de la résistance et de la liberté.
Mais l’esprit de résistance et de liberté de Zingha a dépassé les frontières angolaises, devenant un symbole de la lutte contre la colonisation européenne. Anne Zingha incarne, encore, une figure centrale de l’histoire de l’Afrique.
Sources : Jeune Afrique, Wikipédia

Fatimata COMPAORE