RDC : Violences sexuelles : Dr Mukwege exhorte la France à « s’impliquer » dans la quête de justice

Le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, exhorte la France à « s’impliquer » dans la lutte contre « l’impunité » des auteurs de violences sexuelles en RDC, jugeant que les autorités de son pays n’agissent pas assez contre ce fléau et que les « criminels » en poste dans l’appareil d’Etat « étouffent la vérité », selon l’AFP et citée par afrique.lalibre.be.

Le gynécologue, chirurgien est le fondateur de l’hôpital de Panzi, au Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC)

« Nous pensons que l’implication de la France peut faire une grande différence; nous comptons sur la France pour faire avancer la question de la justice transitionnelle », a lancé le médecin congolais dans un entretien mardi avec l’AFP, à l’issue de sa conférence à Paris devant l’Académie nationale de médecine qui lui a remis le titre de membre Honoris Causa. « La France connaît mieux le Congo que tous les autres pays, à part la Belgique, qui n’est pas au Conseil de sécurité », a affirmé M. Mukwege. « Le Congo, c’est le plus grand pays francophone (…) la France a une histoire commune avec le Congo, de la langue, de la connaissance de la question congolaise », a-t-il ajouté.
Le gynécologue et chirurgien, fondateur de l’hôpital de Panzi, au Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), est célèbre pour son action en faveur des femmes victimes de viols utilisés comme armes de guerre. L’homme a consacré sa vie à soigner les femmes victimes de ces violences en RDC et dans d’autres pays.

Le viol considéré comme arme de guerre de « crime absolu »

Le Kivu, en proie aux violences armées depuis plus de 25 ans, reste l’épicentre des violences sexuelles, contre lesquelles Denis Mukwege, tente inlassablement de mobiliser, estimant à « 120 le nombre de groupes armés dans l’est du Congo ». Lors de son discours devant l’Académie, le docteur a rappelé que ces viols étaient souvent perpétrés par les hommes en armes contre des femmes devant leurs maris, enfants et communauté pour jeter encore plus l’opprobre sur elles. « Le corps des femmes et des jeunes filles, parfois même des bébés, est devenu un champ de bataille », a-t-il lancé à propos de l’est du Congo, qualifiant le viol comme arme de guerre de « crime absolu » qui vise à la « destruction de la femme, de la famille et de toute une communauté ».
« Nous ne sommes plus confrontés à une simple crise humanitaire mais à une véritable crise de notre humanité », a-t-il lancé lors de sa conférence. Interrogé par l’AFP pour savoir s’il estimait que les autorités congolaises actuelles en faisaient assez pour mettre en place une justice transitionnelle, le Prix Nobel a répondu: « non » d’où son recours à la France.
Source : AFP, Afrique.lalibre.be

Pierre Oued.