Le gouvernement rejette un rapport de l’ONU sur la corruption

Le gouvernement du Soudan du Sud a rejeté un rapport de l’ONU accusant l’élite dirigeante du pays d’avoir pillé des dizaines de millions de dollars dans les coffres publics. Les autorités se disent être victimes   d’une « campagne internationale ».

Selon la Commission des droits de l’homme de l’ONU au Soudan du Sud, une somme d’argent stupéfiante et d’autres richesses avaient été détournées des coffres et des ressources publiques soit  plus de 73 millions de dollars depuis 2018, dont près de 39 millions de dollars volés sur une période de moins de deux mois. Elle  a averti que le pillage risquait de faire dérailler un processus de paix déjà fragile dans la plus jeune  nation du monde, qui a eu du mal à sortir de cinq années de guerre civile après l’indépendance en 2011. « Ce pillage continue également d’alimenter la compétition politique entre les élites et est un facteur clé du conflit en cours, des violations et des crimes graves, mettant en péril les perspectives d’une paix durable », a mentionné la commission   dans un rapport présenté au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève.

Une campagne internationale contre le gouvernement

Le Soudan du Sud a réagi  lundi, par la  voix du  ministre des Affaires du cabinet, Martin Elia Lomuro, rejetant le rapport. Le Soudan du Sud  pointe du doigt  une « campagne international contre le gouvernement du Soudan du Sud ». »Ce sont les organisations qui sont parrainées pour ne pas voir la stabilité politique au Soudan du Sud et elles passeront d’une chose à l’autre, des droits de l’homme à la corruption, de la corruption à autre chose », a déclaré Lomuro à l’AFP.« Ce pays est souverain. Si le gouvernement a mal géré quoi que ce soit, c’est seulement le peuple du Soudan du Sud qui peut tenir ce gouvernement responsable, pas les forces extérieures. Le rapport de l’ONU a déclaré que le chiffre de 73 millions de dollars n’était qu’une fraction du montant total pillé, ajoutant qu’en 2012, le président Salva Kiir a admis que les élites gouvernantes du Soudan du Sud avaient détourné plus de 4 milliards de dollars.

Pas loin de la vérité

Les militants des droits humains  ont soutenu le rapport et ont appelé les citoyens à poser des questions aux députés  du pays. « L’argent du pétrole coule à flot, mais cela ne se reflète pas dans la vie des habitants du pays, donc le rapport n’est pas loin de la vérité », a déclaré à l’AFP Bol Deng Bol, directeur exécutif du groupe de défense des droits Intrepid South Sudan. « J’exhorte le peuple du Soudan du Sud à voir comment ses finances sont dépensées. ». Le pays appauvri, qui se classe au dernier rang de l’indice de corruption de Transparency International avec la Somalie, est presque entièrement dépendant des revenus du pétrole. La Commission de l’ONU  a indiqué qu’elle avait identifié plusieurs personnes prétendument liées à des violations des droits et à des crimes économiques dont les noms seraient transmis au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pour une éventuelle enquête ou poursuite.

Source: Al jazeera

K.Fiakofi