Des centaines de réfugiés éthiopiens continuent d’affluer au Soudan pour fuir les violences dans la province du Tigré. Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), de nombreuses personnes ont trouvé refuge à l’est du Soudan lors des premiers jours de 2021.
Selon Voice of America, cité par Allafrica, les autorités soudanaises affirment qu’au moins 3 000 réfugiés éthiopiens ont fui au Soudan cette semaine, après que la guerre dans la région éthiopienne du Tigré s’est étendue à la région voisine d’Amhara. VOA parle à un directeur de camp de réfugiés et à un analyste politique de l’importance de l’afflux dans ce rapport en provenance de Khartoum. Le chef du Comité d’urgence d’Al-Qadarif chargé des camps de réfugiés, Alfatih Mogadam, a déclaré que le nombre enregistré des nouveaux demandeurs d’asile était de 1 058. Il dit que les camps auront du mal à absorber autant de réfugiés, et il a demandé au gouvernement soudanais et aux groupes d’aide d’intervenir rapidement.
Il faut rappeler que la guerre a éclaté en Ethiopie en novembre dernier entre le gouvernement fédéral éthiopien et le Front populaire de libération du Tigré, après que le Premier ministre Abiy Ahmed a accusé les troupes tigréennes d’attaquer des camps militaires fédéraux. La guerre en Éthiopie a provoqué une crise humanitaire dévastatrice principalement dans la région du Tigré.
Les agences d’aide humanitaire comme le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies affirment que plus de 5 millions de personnes dans la région du Tigré ont un besoin urgent d’aide alimentaire. Environ 60 000 Éthiopiens ont fui vers le Soudan et campent dans les villes orientales frontalières de l’Éthiopie. Des analystes soudanais comme Ahmed Abdelghani avertissent que l’afflux de la région d’Amhara pourrait entraîner des tensions entre les Amharans et les Tigréens dans les camps. Il ajoute que l’accueil des nouveaux réfugiés dans les mêmes camps peut coûter cher au Soudan si le gouvernement n’a pas mis en place des procédures de sécurité pour éviter toute rupture entre les groupes combattants.
Notre source a aussi souligné que le conflit dans la région du Tigré a aggravé les relations déjà troublées entre le Soudan et l’Éthiopie. Les pays se sont engagés dans un différend de plusieurs années au sujet de l’énorme barrage hydroélectrique GERD en Éthiopie, dont le Soudan et l’Égypte craignent de couper leur accès à l’eau adéquate du Nil.
Fatimata COMPAORE