Le 30 juin dernier, l’Afrique du Sud a commémoré l’abolition officielle, il y a trente ans, de l’ensemble des lois ségrégationnistes mises en place par le régime raciste lors de sa prise de pouvoir en 1948. Le triomphe de la démocratie multipartite est le résultat de la lutte menée par les militants politiques, mais aussi par des intellectuels, indique DW.

Il y a 30 ans, en Afrique du Sud, les lois de l’apartheid tombaient. A partir du 30 juin 1991, les lois ségrégationnistes, qui prônent le développement séparé des populations ont cessé d’être appliquées, sur décision du président Frederik de Klerk, mettant fin au régime après 43 d’existence. Mais selon la Banque mondiale, l’Afrique du Sud reste la société la plus inégalitaire au monde même 30 ans après la fin du régime d’apartheid. Les inégalités raciales demeurent toujours malgré l’émergence d’une bourgeoisie noire. Plus de deux tiers des noirs continuent à vivre dans la pauvreté, contre seulement 1 % des blancs, indique le journal allemand DW. Toujours selon la DW, Mmapula Mnisi, coach en bien-être, estime qu’il y a eu des progrès mais que beaucoup reste à faire. Elle explique en effet que les blancs occupent 64 % des postes de direction, bien qu’ils ne constituent que 9 % de la population économiquement active.

Colère des familles de victimes qui n’ont toujours pas obtenu justice
Les inégalités persistent en Afrique du Sud, et contrairement au rêve de Mandela, le pays reste encore extrêmement divisé. Pour Trevor Ncube, un analyste financier, trois facteurs expliquent la trop lente réduction des inégalités raciales. « Le premier est l’éducation publique, dont le niveau reste très bas. Le deuxième est la capacité du gouvernement à gérer les institutions, qui est lamentable, c’est le moins qu’on puisse dire. L’argent a été pillé par les agents de l’Etat. Et le dernier est la forte dépendance des citoyens à l’égard de l’assistance du gouvernement. » A tout cela il faut ajouter la colère des familles de victimes qui n’ont toujours pas obtenu justice pour les crimes commis sous l’apartheid. Et c’est ce défi que devrait relever la justice sud-africaine.
Pierre Oued.