Cyril Ramaphosa a tenu ses propos mercredi 11 août 2021, lors de son témoignage devant la commission qui enquête sur le pillage des caisses de l’Etat sous la présidence Zuma (2009-2018), qui avait pris fin prématurément en raison de l’ampleur du scandale. M. Ramaphosa était son vice-président depuis 2014, avant de lui succéder en février 2018, précise le Monde. « Alors qu’il devenait de plus en plus évident », notamment via un rapport accablant de la médiatrice du pays en 2016 puis des révélations de presse, « qu’un réseau d’individus était apparemment de connivence avec de hauts fonctionnaires pour occuper des postes et s’emparer d’institutions clés », M. Ramaphosa a raconté avoir eu « cinq options possibles » : « démissionner, dénoncer, acquiescer et encourager, rester et garder le silence, ou rester et résister », a-t-il énuméré. Il a finalement décidé de rester « pour résister à certains des abus de pouvoir les plus flagrants ».
Guptagate
Pour Cyril Ramaphosa, s’il avait démissionné, cela « aurait considérablement réduit sa capacité à contribuer » à limiter la corruption au plus haut niveau, a-t-il plaidé, toujours selon la même source. De nombreuses critiques lui reprochent d’ailleurs d’être lent ou impuissant face à ce fléau alors qu’il avait promis de combattre en arrivant au pouvoir. A quelques mois d’élections locales test pour le Congrès national africain (ANC), parti historique qu’il préside aussi, cette attitude conciliante envers cette commission, marque en effet, sa différence avec M. Zuma. Le rapport dit du « Guptagate », en 2016, à l’origine du vaste scandale financier, détaillait comment une fratrie d’hommes d’affaires d’origine indienne, les Gupta, avaient remporté de lucratifs contrats publics et imposé la nomination de certains ministres pour favoriser leurs intérêts. A l’issue de ses travaux, fin septembre, la commission pourra transmettre ses conclusions au parquet pour d’éventuelles poursuites.
Pierre Oued.
Source : Journal Le Monde