L’organisation de défense des droits humains, Human Rights Watch, a accusé lundi les forces de sécurité du Burkina Faso d’avoir exécuté 31 habitants d’une ville du nord du pays. Pour l’ONG les autorités burkinabés devraient immédiatement ouvrir une enquête impartiale sur ces meurtres et tenir les responsables pour comptables de leurs actes, quel que soit leur rang. Le ministère dit avoir entamé des enquêtes sur ces allégations.
Le massacre présumé, commis à Djibo à environ 200 kilomètres au nord de la capitale Ouagadougou, a été perpétré dans un contexte de détérioration sécuritaire et de crise humanitaire dans la région septentrionale du Sahel. Selon Corinne Dufka, directrice pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch, « le gouvernement (burkinabè) devrait mettre fin aux violations, enquêter de manière approfondie sur ce terrible incident et adopter une stratégie de lutte antiterroriste respectueuse des droits humains. ». Selon l’enquête menée par HRW à Djibo, sur les lieux du drame, les forces de sécurité ont ciblé exclusivement des hommes de la communauté peulh, ‘’une ethnie semi-nomade sahélienne majoritaire dans le sahel burkinabè et parmi laquelle les groupes islamistes recrutent particulièrement’’, selon les experts. Toujours est-il que ce crime commis à Djibo va faire l’objet d’une attention particulière des autorités burkinabè déjà embarqué au front avec la pandémie du covid-19, a ajouté l’ONG
L’armée promet des sanctions si ces allégations sont avérées
. Pour son enquête, HRW précise avoir “mené des entretiens avec 17 personnes ayant connaissance des tueries du 9 avril, dont 12 témoins des arrestations puis de l’enterrement des corps”, qui “ont établi une liste des victimes, toutes peules”. HRW entrevoit par là une nécessité d’enquêtes et de poursuites judiciaire.
Le ministère burkinabè de la défense dans son droit de réponse à l’ONG, fait état de la préoccupation de la hiérarchie militaire face à ce drame et traduit son engagement à faire la lumière sur ces crimes. En effet, le ministre de la défense nationale Chérif M. Sy a expliqué dans un communiqué avoir été aussitôt informé de telles allégations et que le lendemain soit le 10 avril 2020, il a adressé une lettre au directeur de la justice militaire pour l’instruire de faire ouvrir une enquête judiciaire dans le but d’établir la vérité des faits. Le ministre a tenu à rappeler à la communauté nationale et internationale que les forces armées burkinabè sont formées pour agir dans le respect du Droit International Humanitaire et suivant des règles d’engagement propres. « De plus, les Forces Armées ayant en leur sein des fils de toutes les communautés qui composent le peuple Burkinabé, elles ne sauraient opter de stigmatiser une d’entre elles Surtout que le succès de leurs missions dépend de la confiance et de la collaboration des populations locales », précise le document.
St Pierre.