L’opposition a animé une conférence de presse le mercredi 14 juillet 2021 à son siège à Ouagadougou. Objectif : donner des éclaircissements à l’opinion publique sur le problème lié à la mise en place du bureau permanent de la CENI et la décision de récuser la candidature de Bonaventure Ouédraogo, pour la présidence de l’institution.
Cette énième sortie de l’opposition fait suite à la désignation du représentant de la Société civile au compte de la chefferie coutumière, Bonaventure Dimsongdo Ouédraogo, pour la présidence de la CENI. L’opposition estime que Bonaventure Ouédraogo a fait preuve d’engagement politique avéré en faveur des candidats du parti au pouvoir, au cours de la récente consultation électorale de 2015. De ce fait, sa désignation pour la présidence de la CENI serait une violation de l’article 10 du code électoral , dans la mesure où le candidat de la Société civile doit être apolitique, selon la loi électorale.
Elle a mis en garde le gouvernement contre une mise en place au forceps de l’administration électorale et a exprimé sa volonté de retirer ses commissaires de la CENI si sa récusation n’était pas prise en compte.
A la question de savoir si l’opposition ne craignait pas une réaction de la chefferie coutumière, elle a indiqué que leur démarche n’était pas contre la chefferie coutumière mais le choix du candidat qui ne répond pas aux critères d’éligibilité pour accéder à la présidence de la CENI. Pour preuve, selon l’opposition, la chefferie traditionnelle, de par la loi, est une sous-composante de la composante de la Société civile représentée au sein de la CENI. Le représentant de la chefferie est un militant engagé du parti au pouvoir et, l’opposition dans sa démarche veut préserver l’esprit de démocratie de la CENI qui, dans sa composition, a deux composantes politiques (majorité et opposition) et une civile de nature apolitique, pour être une force d’interposition en cas de différend entre les deux forces politiques.
L’opposition demande à la chefferie coutumière de reconsidérer la candidature de Bonaventure Ouédraogo
La suspension de la participation de l’opposition au dialogue politique s’est invitée dans les débats. Pour l’opposition, cela était dicté par la dégradation de la situation sécuritaire qui reste toujours préoccupante à ce jour. Une suspension de bonne guerre, puisque cela a amené le Chef d’Etat a faire des concessions en accédant à certaines revendications de l’opposition. Cette dernière a demandé que les questions prioritaires et surtout d’ordre sécuritaire soient prises au sérieux lors du prochain dialogue politique pour lequel elle a manifesté sa disponibilité.
Eddie Komboïgo, chef de file de l’opposition, a indiqué que “l’opposition demande humblement à la chefferie coutumière de reconsidérer la candidature de Bonaventure Ouédraogo et de trouver un autre candidat”. En réaction au ministre en charge de l’Administration territoriale qui a demandé à l’opposition de saisir les juridictions au sujet de la candidature de Bonaventure Ouédraogo, Eddie Komboïgo a fait observer que, pour rien au monde, l’opposition politique ne saisira les tribunaux contre la chefferie traditionnelle, ajoutant que la question est d’ordre politique et sera réglée de manière politique.
Lucien DAKISSAGA (Stagiaire)