
Dans la nuit du jeudi 09 au vendredi 10 mai 2019, quatre otages retenus au Sahel, dont deux Français enlevés le 1er mai 2019 au Bénin, ont été libérés lors d’une opération militaire menée conjointement par l’armée française et l’armée burkinabè. Au cours de cette opération, deux officiers mariniers français sont tombés. Quatre ravisseurs ont été neutralisés. Retour sur ce qui s’est passé.
Le vendredi 10 mai 2019, dans un communiqué, l’Elysée a annoncé que quatre otages dont deux français enlevés le 1er mai 2019 dans le nord du Benin, une citoyenne américaine et une ressortissante sud-coréenne ont été libérés lors d’une opération militaire menée dans le nord du Burkina Faso par l’armée française. Les deux Français libérés étaient des touristes partis en safari dans le parc de la Pendjari, dans le nord du Bénin, une vaste réserve forestière qui s’étend le long de la frontière avec le Burkina Faso, une zone qui abrite aujourd’hui plusieurs groupes armés. Le corps de leur guide, défiguré, a été retrouvé dans le parc de la Pendjari quelques jours après leur enlèvement. Au cours de cette opération, deux officiers mariniers français, relevant du commandement des opérations spéciales, ont été tués. Les deux militaires, les maîtres Cédric de Pierrepont, 33 ans, et Alain Bertoncello, 28 ans, étaient respectivement chef de groupe et membre du commando Hubert, l’unité d’assaut de Saint-Mandrier (Var) composée de nageurs de combat. Quatre ravisseurs ont été également abattus. La ministre des armées, Florence Parly, a salué un « véritable exploit » de l’armée française. « Quatre vies ont été sauvées cette nuit, quatre vies entre les mains de terroristes » a-t-elle déclaré.
Quelques détails d’une opération conjointe
Au cours d’un point de presse animé conjointement avec la ministre des armées, le chef d’état-major des armées françaises, le général François Lecointre a laissé entendre que l’opération de sauvetage conduite par la force française au Sahel « Barkhane » et la task force Sabre, a mobilisé de très importants moyens : une vingtaine de commandos Hubert spécialisés dans la récupération d’otages, des drones français et des moyens de renseignement américains, plusieurs hélicoptères, des relais logistiques tout au long du parcours fournis par l’armée du Burkina, et même des moyens de chirurgie engagés depuis la France. Les forces françaises ont été appuyées par l’armée burkinabè et le renseignement américain. Une information confirmée par le ministre burkinabè de la défense. Jusqu’à présent, très peu d’informations ont filtré sur l’identité des ravisseurs. Mais plusieurs sources sécuritaires, suivant l’itinéraire des ravisseurs, expliquent que l’intention des assaillants était d’emmener les otages au Mali au sein de la katiba Macina d’Amadou Koufa dans le centre du pays.
Quelques réactions après la libération des otages
Le président du Faso qui a reçu en audience trois des quatre otages quelques heures avant leur départ pour Paris, a salué la mémoire des officiers français tombés lors de l’opération. « Toutes nos pensées aux familles des soldats et aux soldats qui ont perdu la vie pour nous sortir de cet enfer », a déclaré à la presse Laurent Lassimouillas, l’un des anciens otages. Tout en remerciant les autorités burkinabè et françaises pour leur libération, M. Lassimouillas a également déclaré avoir « une pensée » pour leur « chauffeur-guide béninois », tué avant leur enlèvement au Bénin le 1er mai 2019. Le ministre des affaires étrangères burkinabé, Alpha Barry, s’est félicité de la bonne coopération entre la France et le Burkina Faso, régi par un accord de défense signé en décembre 2018 à Paris à l’occasion de la visite du président Roch Marc Christian Kaboré à Emmanuel Macron. L’ambassadeur des Etats-Unis au Burkina, Andrew Young, dans un tweet, a exprimé son soulagement pour la libération de la ressortissante américaine et ses condoléances aux familles des militaires tués. « Cédric et Alain, nous pensons à vous » a écrit le diplomate américain. Emmanuel Macron, qui dit s’incliner avec émotion et gravité devant le sacrifice des deux militaires, a présidé une cérémonie d’hommage national aux invalides le mardi 14 mai 2019. Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a invité les touristes à la plus grande prudence au sud du Sahel. « La zone où étaient nos deux compatriotes était considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge, c’est-à-dire une zone où il ne faut pas aller, où on prend des risques majeurs si on y va », a-t-il précisé sur la chaine Europe 1.
Auguste Don de Dieu