BURKINA FASO / Mouvements d’humeurs des avocats : Le droit des détenus défendu

Les avocats du Burkina suspendent leurs activités pour 4 jours

Les avocats du Burkina ont observé un mouvement d’humeur de 4 jours à partir du mardi 23 avril 2019. Ils ont abandonné les prétoires pour réclamer plus de respect des droits des détenus et plus de célérité dans l’organisation des audiences. L’une des conséquences immédiates de ce mouvement d’humeur des avocats a été la suspension du procès du putsch manqué de septembre 2015.
Les mouvements d’humeurs se suivent mais jamais ne se ressemblent au Burkina Faso. Chaque syndicat y va de sa manière, pour mettre la pression sur le gouvernement afin que ce dernier porte une oreille attentive à leurs différentes revendications. L’ordre des avocats du Burkina n’est pas resté en marge. Suite à une assemblée générale tenue le lundi 22 avril 2019, il a décrété un mouvement d’humeur de 96 heures allant du mardi 23 au vendredi 26 avril 2019. Et on pouvait déjà constater les conséquences de cette grève dès l’ouverture du procès du putsch manqué le mardi matin au tribunal militaire de Ouagadougou, car aussitôt ouverte aussitôt renvoyée. L’audience au tribunal militaire de Ouagadougou n’aura duré que le temps d’une prise de parole, celle des avocats. Dès l’ouverture, les auxiliaires de justice notifient au Président du tribunal leur volonté de se soumettre aux conclusions de l’assemblée générale de l’ordre des avocats, tenue le lundi 22 avril 2019. Ils vont en grève pour 96 heures. « Il y’a eu une assemblée générale de tous les avocats à l’instigation de l’ordre des avocats qui ait pris une résolution de suspendre toutes les activités devant tous les cours et tribunaux du Burkina Faso pendant 96 heures pour dénoncer une situation que la justice vit depuis un certain temps, notamment depuis le mois d’octobre », a expliqué Me Prosper Farama, un des avocats de la partie civile au procès du putsch manqué de septembre 2015.
Le ministre de la justice milite pour une sortie de crise
L’auxiliaire de justice pointe un doigt accusateur sur les autorités dont le laxisme favoriserait, selon lui, des violations de droits humains. « En tant qu’avocat, j’ai des clients qui sont détenus à la maison d’arrêt depuis des mois et qui ne peuvent pas être jugés. C’est anormal. Ce que nous faisons, c’est d’interpeller les autorités en leur disant qu’il faut que la justice fonctionne normalement pour tout le monde sinon c’est d’autres grands problèmes qu’on pose, parce qu’on ne peut pas emprisonner des gens, parmi eux il y’a probablement des innocents qui attendront des mois voire des années et si cela se poursuit ainsi, et après on entend dire qu’ils sont innocents. Ce serait vraiment injuste », prévient-il. Le ministre de la justice garde des sceaux, René Bagoro, lui invite les avocats à reprendre le travail et rassure que cette crise au sein de l’appareil judiciaire burkinabè trouvera une solution. Si c’est le cas, tant mieux, car après les 96 heures de grève, les avocats comptent initier une marche de protestation le lundi 29 avril 2019.
Sié Alfred