
L’opération « caisses vides », décrétée par le Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNSTHA), est belle et bien effective depuis le vendredi 7 juin 2019, et ce pour trois mois sur toute l’étendue du territoire national. Dans la capitale burkinabè, dans les quelques centres de santé que nous avons pu visiter au premier jour de grève, le constat qui se dégage est que le mot d’ordre est partiellement suivi et respecté. « Toute personne qui se laisserait « berner » et payer une consultation ou un examen, si elle vient avec une facture de paiement, on ne va pas le prendre en charge », a prévenu le SG adjoint du SYNTSHA Yalgado.
Le Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNSTHA) se montre beaucoup plus « généreux » à l’endroit des patients à travers une opération dite « caisses vides ». Débutée le vendredi 7 juin 2019, cette opération qui va jusqu’au mois de septembre, à moins que le gouvernement daigne bien sûr répondre aux revendications des syndicats, va consister à consulter les patients gratuitement. Si pour cette même opération qui a lieu l’année dernière, le gouvernement a su prendre des dispositions pour minimiser les effets de cette opération « caisses vides », décrétée par le SYNSTHA, cette année, visiblement le gouvernement est au bout du souffle, car contrairement à l’année dernière où le mot d’ordre n’avait pas été suivi dans les centres de santé, cette année, dans les quelques centres de santé de la ville de Ouagadougou que nous avons pu sillonner, le constat est là. C’est comme si les populations attendaient ça, nous a confié un agent de santé du CMA de Pissy. C’est dans cette formation sanitaire que des gens, malades ou pas, en tout cas, partent se faire consulter sans payer le moindre sou. L’agent de santé qui s’est confié à nous et qui a voulu garder l’anonymat a déclaré que différents services ont drainé du monde en ce premier jour, mais sans qu’aucune recette ne soit enregistrée. « Que ce soit au niveau de l’ophtalmo, de l’ORL ou de la chirurgie, les consultations ont été faites gratuitement », a-t-elle déploré.
A l’hôpital Yalgado, les services sont payants
Autre centre de santé, autre réalité. Au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, en dehors de la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, décrétée par le gouvernement, les autres patients paient pour les soins dont ils veulent bénéficier. Certes, l’affluence n’est pas au grand jour, mais du moins que l’on puisse dire, c’est que le mot d’ordre n’est pas tout à fait respecté dans cet hôpital de référence du pays. Isaac Ouédraogo, commerçant de son état, lui ignorait tout de l’opération “ caisses vides”, sinon les 2000 F qu’il a déboursés pour la consultation auraient bien servi à autre chose pour peu qu’il soit consulté par un médecin membre du SYNTSHA. Et comme ce n’était pas le cas, il n’avait pas le choix que de mettre la main à la poche. Devant un guichet à Yalgado, nous croisons I.B. Il dit avoir payé pour se faire consulter, et visiblement il ne regrette rien, car étant déjà informé de cette opération « J’ai appris effectivement que les agents de la santé ont décrété une opération de caisses vides à partir d’aujourd’hui. Je suis quand même venu pour me faire consulter et j’ai payé 1 500 F CFA. Je suis allé consulter et on m’a donné un bulletin d’examen. Je viens de payer ce qu’il faut pour cet examen à la caisse, avant d’aller pour le prélèvement », a-t-il indiqué avant de regretter cette opération qui, pour lui, ne fera que rallonger les souffrances des personnes, mais aussi qui risque de faire clouer l’économie nationale. Même son de cloche que son accompagnant. « Quand on vient dans un centre de santé, on veut être pris en charge le plus rapidement possible. Si les services ne fonctionnent pas à 100%, c’est souvent difficile pour nous, les malades. Je pense que c’est une situation qu’il faut régler le plus tôt possible pour le bonheur des patients », a-t-il lancé.
Les syndiqués sont sereins et déterminés
Les agents syndiqués quant à eux, font leurs prestations gratuitement au profit des malades. L’administration a dû mettre à leur disposition quelques produits » estime notre confident. Est-ce de nature à couvrir les trois mois que l’opération est censée durer ? « Pas du tout ! » proteste l’agent pour qui cette “ générosité” à l’endroit des malades ne peut excéder une semaine. Qu’à cela ne tienne, les syndiqués disent être sereins. « Voyez-vous même le mot d’ordre est bien suivi. N’allez surtout pas dire le contraire », insiste un médecin syndiqué. Et Modeste Meda, le Secrétaire général adjoint du SYNTSHA Yalgado de préciser que les quelques paiements constatés sont dus au fait que les gens n’ont pas l’information. « Nous allons maximiser sur la communication les jours à venir pour informer ceux qui viennent à l’hôpital qu’avec l’opération caisses vides, ils ne doivent rien payer, que ce soit les consultations ou les examens », a-t-il dit. Toutefois, il a fait savoir que « toute personne qui se laisserait « berner » et payer, « si elle vient avec une facture de paiement, on ne va pas le prendre en charge ».
Tout porte à croire que les syndicats sont vraiment déterminés à aller jusqu’au bout. Le gouvernement est donc invité à se pencher sur leur cas le plus rapidement possible. En rappel, cette opération décrétée par le SYNTSHA vise à contraindre le gouvernement à donner une réponse favorable à leur plateforme revendicative. Elle intervient après 96 heures de grèves suivies de grève de boycott des gardes de 10 jours observée par le SYNTSHA.
Dougoutigui