Le 10 mai 2019, lors d’une conférence de presse, l’Agence nationale de la météorologie du Burkina (ANAM) annonçait des prévisions de cumuls pluviométriques normaux à tendance excédentaire sur la majeure partie du pays durant la période Juin-Juillet-Août 2019. Aujourd’hui les indicateurs ont changé. Pour la période juillet août septembre, il est prévu globalement une situation normale déficitaire sur la grande partie du territoire et une situation déficitaire anormale pour la partie sud-ouest du pays. A cet effet, l’ANAM a organisé une conférence publique le vendredi 5 juillet 2019 en vue de communiquer officiellement les résultats de la mise à jour au mois de juin de la prévision saisonnière 2019.
Les services de la météo ont actualisé leurs données pour la période de juillet août septembre à venir. Selon les services de la météo, il est prévu une situation normale déficitaire sur la majeure partie du territoire burkinabè. Les responsables de la météo du Burkina qui étaient face à la presse le vendredi 05 juillet 2019 dans l’après-midi se sont voulus plus explicites. Les parties ouest et sud-ouest devraient s’attendre à une situation déficitaire à normale pour les mêmes périodes. La période climatologique de référence est celle de 1981-2010. « La situation pluviométrique au 30 juin 2019, l’essentiel à retenir c’est que sur l’ensemble du territoire, on observe des déficits pluviométriques sur l’ensemble du territoire, excepté quelques poches où nous avons des situations excédentaires », a expliqué Ousmane Ouédraogo, météorologue à l’ANAM. Des échos sur le terrain font cas des zones où il ne pleut pas assez. Selon les données de l’ANAM, il ressort que sur l’ensemble du territoire, il y’a une situation déficitaire par endroit avec quelques poches humides notamment vers Seba et Djibo. La situation déficitaire est aussi observée sur presque toutes les stations de l’ANAM notamment à Dédougou, Gaoua, Dori, Ouagadougou, Pô, Bogandé, et Boromo où il y’a un déficit pluviométrique par rapport à la normale 1981-2010, c’est-à-dire la moyenne des pluies observées des trente dernières années. A Fada N’Gourma, la situation est similaire de même qu’à Ouahigouya et à Bobo-Dioulasso où on enregistre une situation excédentaire.
Les raisons de ce changement
« Les prévisions tiennent compte d’un certain nombre d’indicateurs qui ne sont pas statiques. A la conférence de presse du 10 mai 2019, il était question de dire aux gens que les indicateurs peuvent changer à tout moment et que nous, notre travail, c’est de suivre ça au jour le jour. On a refait les simulations, maintenant on a des cumuls pluviométriques qui se dégagent comme suite : nous avons une situation normale à tendance déficitaire sur la partie verte qui concerne les régions de l’Est, du centre-nord, du centre, du plateau central et une partie de la Boucle du Mouhoun, la région du nord, du centre-ouest. Il y a une situation déficitaire à tendance normale sur la partie sud-ouest du Burkina notamment la région des cascades, le sud-ouest, les hauts-bassins et la moitié sud de la boucle du Mouhoun. Voilà la prévision qui se présente actuellement. On note cependant qu’il y’a une grande différence avec la prévision juillet août septembre qui a été délivrée le 10 mai 2019. En effet, dans la zone soudano-sahelienne, il est prévu une prévision normale à tendance excédentaire, mais avec les prévisions actuelles, on s’attend à une situation normale à tendance déficitaire ».
Quels sont les risques ?
Au regard des risques de sécheresse, Grégoire Baki, ingénieur agro-météorologue a laissé entendre que les déficits hydriques, qui seraient liés aux plus faibles cumuls pluviométriques dans certaines localités et aux séquences sèches plus longues attendues en début de saison, pourraient retarder la mise en place de la biomasse fourragère. Ils pourraient entrainer des échecs de semis et affecter l’installation et la croissance des cultures. Ils pourraient aussi favoriser le développement d’insectes ravageurs des cultures. Aussi, au regard des cumuls pluviométriques moyens attendus notamment dans les zones sahéliennes et soudano-sahéliennes, des inondations localisées pourraient être observées.
Quelques recommandations
Face au risque de sècheresse, les experts recommandent entre autres de privilégier les espèces et variétés résistantes au déficit hydrique, de promouvoir l’irrigation d’appoint tout en assurant une gestion rationnelle de la ressource en eau et de diversifier les activités génératrices de revenus. Ils préconisent aussi de prévenir les risques de conflits entre les agriculteurs et les éleveurs, et cela à cause des difficultés que les séquences sèches pourraient entrainer dans la mise en place des fourrages et des points d’eau de surface dans les zones pastorales, a indiqué Grégoire Baki, ingénieur agro-météorologue. Face au risque d’inondation, il est recommandé d’éviter l’occupation anarchique des zones inondables, de curer les caniveaux pour faciliter l’évacuation des eaux de pluie, de créer des réservoirs de collecte et de conservation des eaux de ruissellement. Les maladies ne sont pas en reste. A cet effet, l’ANAM recommande de sensibiliser et diffuser des informations d’alerte sur les maladies à germes climato-sensibles, en collaboration avec les services de météorologie et de santé ; de mettre en place des stocks de moustiquaires, d’antipaludéens, des produits de traitement de l’eau et de prévenir les épizooties à germe préférant de bonnes conditions humides. Il est aussi recommandé aux populations de renforcer la vigilance contre les phytopathologies et les ravageurs des cultures.
Sié Alfred