Le Conseil national de la communication (CNC) camerounais, instance chargée de réguler la presse au Cameroun, avait lancé, le 19 décembre 2017, une série de sanctions contre des médias et des journalistes pour faute d’atteintes récurrentes à l’éthique et à la déontologie professionnelle. Cette fois-ci, selon les informations publiées le jeudi 27 décembre 2018, le Cameroun a suspendu seize (16) journalistes et sept (07) organes de presse pour des périodes allant d’un mois à six mois pour des délits de presse.
Le mardi 19 décembre 2017, le Conseil national de la communication (CNC) camerounais, instance chargée de réguler la presse au Cameroun, avait annoncé une série de sanctions contre des médias et des journalistes. Selon la presse internationale, à cette période, la sanction concernait Roger TUILE, directeur de publication de La Tribune de l’Est Economie, définitivement interdit d’exercer la profession de journaliste et de directeur de publication. Le Conseil a jugé qu’il s’était rendu coupable d’atteintes récurrentes à l’éthique et à la déontologie professionnelle dans une série d’articles relatifs à la gestion de la caisse publique de sécurité sociale. Mais encore, le directeur du journal Le Devoir Libre, Harrys Robert MYNTIA MEKA, a quant à lui été frappé d’une interdiction d’exercice pendant six mois pour avoir publié des informations « non fondées imputant des malversations diverses » au directeur d’un projet hydroélectrique. Une suspension de deux mois avait aussi été prononcée contre Jean-Pierre AMOUGOU Belinga en tant que directeur de publication et les journalistes, Ernest OBAMA Nana et Sidoine Leukoue MONKAM, de la télévision privée Vision 4. Pour cause, la chaîne avait diffusé des propos et des images compromettantes d’un plaignant présenté nu à l’antenne. Et comme si cela ne suffisait pas, et que les accusés n’aient pas tiré leçon du passé, le CNC s’est vue dans l’obligation de rebeloter, à en croire les informations véhiculées par une presse internationale, le jeudi 27 décembre 2018. En effet, le Conseil national de la communication a suspendu Vision 4, une chaîne de télévision privée située à Yaoundé, capitale du Cameroun, et deux de ses journalistes pendant un mois. Ernest OBAMA a été suspendu pour ce que le CNC a qualifié de langage haineux qui aurait pu déclencher des conflits tribaux au Cameroun. Nadine Patricia MENGUE a, quant à elle, été suspendue pour avoir annoncé, à tort, le décès du président gabonais, Ali Bongo ONDIMBA lors de son émission d’actualité aux heures de grande écoute, le 25 octobre 2018. Le 30 octobre 2018, le Gabon a également suspendu la station de la radiodiffusion pendant six mois sur son territoire après avoir de nouveau signalé le décès d’ONDIMBA, qui serait à l’hôpital en Arabie saoudite, souffrant d’épuisement. L’agence de radiodiffusion gabonaise a déclaré que ce rapport inexact et faux avait porté atteinte à son unité nationale, à sa cohésion sociale et à son ordre public. Selon la presse locale, le journaliste Melvis KIMBI de la chaîne de télévision publique camerounaise CRTV a déclaré que la sanction imposée à Vision 4 était attendue depuis longtemps. « Cette agence de presse diffusait de fausses informations, une information de cette ampleur aurait pu déclencher une crise diplomatique entre le Cameroun et le Gabon, et les médias de Vision 4 n’ont pas été sanctionnés », a déclaré KIMBI. Le CNC a également suspendu pour six mois MANEH Mirelle de la chaîne de télévision Canal 2 International, Joseph Roland DJOTIE du Quotidien de l’Economie pour un mois et ZEBAZE Benjamin pour deux mois. Dom Pipelassi Michael DOPPAS a été suspendu pour deux mois pour avoir déclaré à plusieurs reprises que la star du football camerounais, Samuel ETO’O, était un homosexuel. Les réactions ne se font pas attendre et fusent de partout. Le journaliste Etienne NGALLE du journal La Nation a, à cet effet, déclaré que le CNC avait fait du bon travail en suspendant les médias et les journalistes extrêmement peu professionnels dans leur travail. Selon la presse, il a dit qu’il appréciait le fait que le CNC ait suspendu un journaliste de la station de radio Soleil FM qui a déclaré, sans présenter aucune preuve, qu’ETO’O était un homosexuel. NGALLE a déclaré que les journalistes devraient cesser de répandre la calomnie et les mensonges destinés à détruire des personnalités publiques. Reporters sans frontières a accusé le Conseil camerounais de la Communication d’agir plus sévèrement à l’égard des journalistes et des médias. Mais les récentes sanctions ont été saluées par certains professionnels des médias, d’autant plus que les personnes sanctionnées ont été invitées à se défendre devant le Conseil. En rappel, le Cameroun compte plus de 500 journaux et 100 stations de radio et de télévision qui expriment des points de vue divergents. L’indice mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières pour 2018 classe le Cameroun à la 129e place sur 180 pays.
Sé Alida MILLOGO