Le prix de l’humanisme de la jeunesse s’est déroulé comme d’habitude à Ohrid en Macédoine. Cette année le prix a été décerné au candidat centrafricain Cédric Patrick le grand Ouanekponé. Docteur en médecine, il a reçu les vives félicitations du président du jury, Frederic Fappani von Lothringen, initiateur dudit prix. Allons à la découverte du jeune lauréat.
Le prix de l’humanisme de la jeunesse a été créé par Frederic Fappani von Lothringen dans le cadre de son mandat de président international au sein de l’organisation non gouvernementale cercles nationaux de réflexion sur la jeunesse en 2017. Ce prix a été inspiré d’un prix précèdent celui du prix mondial de l’humanisme créé en 2007 par l’écrivain dramaturge et poète macédonien, Jordan Plevneš. Le prix de la jeunesse est un prix qui a pour but d’encourager la jeunesse engagée sur la question humaniste au-delà de la question des droits de l’homme. Il concerne les jeunes âgés de 16 à 35 ans et se déroule au même moment que le prix général. Cette année, c’est sur Cédric Patrick Le Grand Ouanekponé qu’a porté le choix du jury. Selon une presse centrafricaine, il est né en mars 1986 à Bangui d’un père enseignant et d’une mère ménagère. Il a grandi dans un milieu modeste. Après le jardin d’enfants des sœurs de Notre Dame des Chartres, il fréquenta l’école Fatima garçon mixte 1. Très brillant il fit son certificat d’étude primaire élémentaire (CEPE) un an avant ses collègues en tant que candidat libre malgré deux années blanches qui ont bouleversé son cycle académique. A 10 ans il a appris à éviter les balles perdues comme les autres enfants de sa génération lorsque les mutineries ont éclaté dans la ville de Bangui en 1996. Il s’impliqua par la suite dans la naissance du programme ’’les Ambassadeurs de la paix’’ alors qu’il n’avait que 12 ans. Après 3 ans au petit séminaire « Enfant Jésus » des Pères Carmes déchaux à Bouar (RCA) et ayant obtenu son brevet des collèges, il part en 2003 au Complexe Scolaire du Centre Protestant pour la Jeunesse où il réussit à son Baccalauréat scientifique qui lui ouvre les portes de la médecine. En 2004 alors qu’il était toujours au lycée, il intègre le Club RFI Bangui Fononon et devient le président de l’antenne de son école, ensuite Secrétaire général, puis Président de la coordination nationale. C’est à la période où il devrait finir ses études et porter le titre de Docteur en médecine qu’a éclaté la pire crise militaropolitique de l’histoire de la République Centrafricaine. Se trouvant lui-même déplacé sur le site de déplacés internes au Carmel de Bimbo, il assista à la naissance d’une cinquantaine d’enfants dont quelques-uns ont porté son prénom par faute de reconnaissance de leurs parents. Ainsi durant cette période, il a sillonné plusieurs sites de réfugiés inaccessibles aux ONG pour donner des soins et accoucher des femmes sous des tentes avec le strict minimum de matériel. Aussi a-til accompagné l’ONG Internationale Cercle National de Réflexion sur la Jeunesse et donner des soins aux déplacés de la paroisse Notre Dame de Fatima ainsi qu’à la mosquée Ali BABORO en 2014 alors que l’insécurité était au paroxysme dans ces zones. Cédric a lancé avec son ami Baba Mahamat, une plateforme en ligne dénommée : « Sauvons la Centrafrique du chaos » pour sensibiliser à la paix et désarmer les cœurs avec la forte conviction que la crise centrafricaine n’a rien de confessionnel. Ses engagements dans le social et la jeunesse seront récompensés par un stage en Corée du Sud, offert par l’Archidiocèse de Bangui en 2015 et surtout sa sélection dans le prestigieux programme YALI (Young African Leadership Initiative) lancé par le président Barack Obama en faveur des jeunes leaders africains, lui permettant de participer à des programmes d’échanges au Kenya (Kenyatta University), au Rwanda (connect camp par Ohio University) et aux Etats-Unis (Indiana University). Après sa thèse de Doctorat en médecine en 2015 il a été intégré dans la fonction publique en 2017 en officiant dans la ville de Ndélé (bastion des rebelles de la Séléka), une ville dont l’Etat central n’a aucun contrôle. Nonobstant le refus de ses proches et leurs multiples tentatives de dissuasion, le nouveau médecin chef de Ndélé a bien pris son poste. De ce qui précède, le choix de lui décerner ce prix ne surprend pas car Dr Cédric a renoncé à son traditionnel rêve de devenir cardiologue pour la néphrologie. Aussi il a refusé d’accepter que la RCA soit presque le seul pays au monde où il n’existe pas un seul centre de dialyse alors que les besoins sont immenses. Comme il aime le dire, « mon grand défaut est que j’aime beaucoup les défis ». En rappel le prix de l’humanisme de la jeunesse se déroule à Ohrid en Macédoine. La ville d’Ohrid est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO et possède des locaux historiques, dont une ancienne université, ayant eu un rôle dans l’« Humanisme » mondial à l’époque médiévale.
Par N Judith SANOU