COP24 : Les pays en voie de développement résolus à croire aux bonnes intentions des Etats du nord

A l’issue des négociations de deux semaines, la communauté internationale a déterminé un plan d’action collectif et concret d’application, à partir de 2020, de l’accord de Paris. Cependant, l’inquiétude demeure, car malgré le nombre croissant des catastrophes, les Etats parties n’ont pas pris des engagements à faire plus et plus vite pour réduire la production des Gaz à effet de serre. Les pays en voie de développement, plus vulnérables aux changements climatiques, à l’image des 47 pays africains qui ont ratifié l’accord, ont obtenu des promesses de financement des politiques climatiques.
Le 12 décembre 2015, 195 nations ont adopté l’accord de Paris sur le climat, visant à maintenir le réchauffement climatique en-dessous d’un certain seuil critique, à se désinvestir des énergies carbones, à protéger les écosystèmes assurant l’absorption du carbone, à réduire la vulnérabilité face au changement climatique ou encore à atteindre la neutralité du carbone. Le 2 décembre 2018, la communauté internationale s’est retrouvée à Katowice pour trouver un accord qui détermine le mode d’application, à partir de 2020, de l’accord de Paris pour le climat. Seulement à quelques semaines de l’ouverture de la Cop24, dans un rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) tirait la sonnette d’alarme à propos du réchauffement planétaire de 1,5°C. Pour les scientifiques du Giec, dans un monde à +2°C, objectif minimal du pacte climatique de 2015, les impacts seraient bien plus importants que dans un monde à +1,5°C, limite idéale de l’accord. Mais pour rester sous +1,5°C, il faudrait réduire les émissions de CO2 de près de 50% d’ici 2030 par rapport à 2010, alors que les engagements actuels des Etats annoncent un monde à +3°C avec son lot de tempêtes, sécheresses, inondations etc. Cette COP24 sonnait comme un déclic pour élaborer la feuille de route et les outils nécessaires pour accélérer la mise en application des engagements des Etats et relever leurs ambitions, d’autant plus qu’elle se tient dans un pays reconnu être le plus grand pollueur en Europe. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 33 des 50 villes les plus polluées d’Europe se trouvaient en Pologne en 2016 et 50 000 polonais meurent chaque année à cause du smog, le brouillard de pollution. Autre objectif, faire enfin démarrer réellement le Fonds vert pour le climat qui doit permettre d’aider les pays en voie de développement face aux changements climatiques. La majorité des pays africains satisfaits des discussions Ce sera l’un des rares points de satisfaction des 14 jours de négociations parfois houleuses entre les Etats parties. En effet, les pays du Nord ont promis de passer leur aide climat à 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, quelques pays comme l’Allemagne ont annoncé de nouvelles contributions, notamment au fonds vert. Et la Banque mondiale a promis 200 milliards de dollars pour la période 2021-2025. Concernant le financement à court terme, Selon la radio RFI, le fonds vert pour le climat va être renfloué à hauteur de 10 milliards de dollars en 2019, donnant ainsi la possibilité aux 47 pays africains qui ont ratifié l’accord de Paris, de financer leur transition écologique. Pour le reste des accords qui permettront d’appliquer l’accord, les appréciations sont mitigées. Ce manuel d’utilisation « est suffisamment clair pour opérationnaliser l’Accord de Paris et c’est une bonne nouvelle », a commenté la ministre espagnole de l’Environnement Teresa Ribera, dans les colonnes de Jeune Afrique « dans les circonstances actuelles, continuer à construire notre bâtiment est déjà une réussite », a-t-elle ajouté, même si elle aurait aimé des « messages beaucoup plus forts » sur l’ambition. Pour Manuel Pulgar-Vidal, du WWF, cité par Jeune Afrique, l’accord de Katowice est un « manque fondamental de compréhension de la crise actuelle ». « Ce manque de réponse au rapport du Giec, c’est choquant », ajoute Jennifer Morgan, de Greenpeace, « vous ne pouvez pas vous réunir après ça, et dire que vous ne pouvez pas faire plus! ». Selon elle la décision final se limite à « répéter la demande de mise à jour » des engagements d’ici 2020, déjà formulée dans l’accord de Paris ». Les Etats parties, notamment les riches pourront-ils respecter leurs engagements pour aboutir à l’accord de Paris ? Une étude du Boston Consulting Group indique que la Chine, l’Inde, les Etats-Unis, le Brésil, la Russie, l’Allemagne et l’Afrique du sud ne pourront pas « atteindre leurs objectifs de réduction de gaz à effet de serre avec leurs politiques actuelles, alors qu’ils sont responsables de 60 % des émissions mondiales.»
Auguste Don de Dieu