Côte d’Ivoire : Guillaume Soro rejette sa condamnation à perpétuité, Bédié appelle à un dialogue inclusif

Le parti de Guillaume Soro a également été dissout et plusieurs de ses partisans ont été condamnés aussi

La justice ivoirienne a condamné à perpétuité l’ex-allié du président Alassane Ouattara,  Guillaume Soro pour atteinte à la sûreté de l’Etat, le mercredi 23 juin dernier. Suite à ce verdict, Henri Konan Bédié a appelé à un dialogue national inclusif pour vaincre les querelles du passé.

L’ancien Premier ministre ivoirien et ex-chef rebelle Guillaume Soro a été condamné en son absence mercredi à Abidjan, à la prison à vie, pour atteinte à la sureté de l’Etat. Ses principaux coaccusés ont également écopé de lourdes peines.  Souleymane Kamagaté, ex-chef du protocole de M. Soro, Affoussy Bamba, ancienne ministre et Touré Moussa, son ancien chef de la communication ont été condamnés à 20 ans de prison. Deux des frères de Guillaume Soro et son ancien bras droit Alain Lobognon ont, eux,  été condamnés à 17 mois de prison pour troubles à l’ordre public. En plus des peines de prison, la cour a également ordonné la confiscation des biens de Guillaume Soro et de ses 19 co-prévenus, ainsi que la dissolution de son mouvement, Générations et peuples solidaires (GPS), accusé de se livrer à des actes subversifs. Elle a ordonné aux condamnés de payer solidairement 1 milliard de francs CFA (150 millions d’euros) à l’Etat ivoirien.

Pour les avocats des condamnés, il s’agit d’un procès purement politique. Selon Me Souleymane Diallo, la défense entend « utiliser des voies de recours au plan national et international ».

Soro réagit et Henri Konan Bédié appelle à une réconciliation vraie

Dans une déclaration, l’ancien Président de l’Assemblée national, ex-allié du président Alassane Ouattara, a rejeté ces verdicts qu’il qualifié de ‘’verdicts iniques’’. « Je rejette totalement ces verdicts iniques, prononcés en dehors de toutes les règles de droit et dictés uniquement par des considérations d’ordre politique. », a déclaré l’ex-Premier ministre ivoirien. Pour ce dernier, ce procès est purement un règlement politique pour porter un coup d’arrêt au projet politique dont il est porteur et de l’écarter définitivement du jeu politique en Côte d’Ivoire.

L’ex-président ivoirien, ex-allié du parti au pouvoir a aussi condamné ces verdicts de l’appareil judiciaire ivoirien et appel à un dialogue national inclusif. « J’appelle encore urgemment à un Dialogue National Inclusif afin de trouver ensemble le chemin du pardon et de la réconciliation vraie. », a déclaré Henri Konan Bédié dans une déclaration. « La grande espérance du bonheur pour tous après tant de souffrance de nos populations doit vaincre nos querelles du passé et nos douleurs.  J’ai confiance dans la volonté du Chef de l’Etat à être le pilote de la Côte d’Ivoire réconciliée et rassemblée. », a ajouté l’ex-président.

Les faits remontent en 2019

Certes le vent de la réconciliation souffle sur la Côte d’Ivoire, mais tout présageait que Guillaume Soro, ancien proche collaborateur du président Alassane Ouatara n’allait pas bénéficier de ce souffle nouveau, tant le fossé c’était élargie entre les deux hommes. Les faits remontent en 2019, quand de présumées ambitions de Guillaume Soro à la présidence sont dévoilées.  Parti en exil, Guillaume Soro a été accusé d’avoir fomenté avec ses partisans une insurrection civile et militaire visant à renverser le pouvoir lors de son retour avorté en Côte d’Ivoire en décembre 2019. Lui et ses coaccusés étaient poursuivi pour   complot, tentative d’atteinte contre l’autorité de l’Etat ainsi que de diffusion et publication de fausses  nouvelles  jetant le discrédit sur les institutions et leur fonctionnement, ayant entraîné une atteinte au moral des populations.

Guillaume Soro (à gauche) et Alassane Ouattara avant la consommation de la rupture entre les deux personnes

Pour rappel, alors chef rebelle dans les années 2000 contrôlant la moitié du Nord de la Côte d’Ivoire, Guillaume Soro avait  aidé militairement Alassane Ouattara à accéder au pouvoir lors de la crise post-électorale de 2010-2011 face au président sortant Laurent Gbagbo qui refusait d’admettre sa défaite dans les urnes.

Line Rose