
Environ 20 000 tonnes de caoutchouc naturel brut issu d’hévéas sont bloquées dans les ports ivoiriens depuis plusieurs mois. Les causes ont multiples et se trouvent à plusieurs niveaux, dont la qualité du caoutchouc brut. La Côte d’Ivoire est le premier producteur africain de caoutchouc et selon les estimations, le secteur fait vivre plus de 160 000 planteurs.
Auparavant le caoutchouc ivoirien était exclusivement exporté semitransformé, sous forme de granulés ou de briques déshydratées, ce qui ne posait pas de problème de transport. Mais depuis janvier 2018, le gouvernement a autorisé l’exportation de caoutchouc brut afin d’écouler l’ensemble de la production ivoirienne. Ainsi, près de 20 000 tonnes de caoutchouc sont bloquées dans les ports d’Abidjan et de San Pedro. Depuis plus de trois mois, les armateurs rechignent à embarquer sur leur navire le latex d’hévéa ivoirien sous sa forme brut, et depuis plus récemment, le blocage est total. En cause, selon Samuel Mobio le président de l’Association des exportateurs de caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire (AEXCI), son humidité. En effet, depuis la relance de la filière en 2009, l’hévéa n’a cessé d’augmenter, passant d’environ 400 000 tonnes en 2016 à 600 000 tonnes en 2017. Cependant, l’augmentation des capacités de transformation du caoutchouc n’a pas suivi. A cet effet, pour mettre fin au blocage actuel, les exportateurs et le gouvernement ivoirien tentent de mettre sur pied en urgence une procédure visant à sécher et désinfecter le caoutchouc brut avant son exportation. Une solution de court terme selon un acteur de la filière, qui dénonce les nombreuses taxes qui pèsent sur le secteur et freinent selon lui, les investissements dans l’industrie de transformation. Face à ce problème, l’association des exportateurs du caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire (AEXCI), par son président, Samuel Espérance Mobio a décidé d’expliquer la genèse de ce problème qui pourrait trouver une solution les semaines à venir. « Nous avons quelques difficultés liées à des contraintes avec les armateurs qui expliquent que le caoutchouc est trop humide et son transport pose problème dans les bateaux » a-t-il dit. Et d’ajouter que les exportateurs soutiennent que le produit sali les bateaux et peut contaminer d’autres produits consommables. Ce blocage oblige, donc l’AEXCI à ne peut plus acheter le caoutchouc chez les producteurs pour l’acheminer vers les clients de l’extérieur. Ce qui entrainerait un manque à gagner de 200 millions de francs cfa pour les exportateurs et près de 655 millions de Fcfa de perte pour les armateurs. A rappeler que près de 50 mille tonnes de produits étaient bloqués, ils restent encore à ce jour 20.000 tonnes. Les armateurs avaient promis que ce produit devait être transporté cette semaine mais rien n’est fait. « Nous espérons que la semaine prochaine ça sera fait, sinon, nous ne pourrons plus en acheter » a-t-il prévenu. Néanmoins, le président de l’AEXCI a tenu à rassurer les planteurs et les acteurs de la filière hévéa de la reprise des activités de l’Association dans les prochains jours avec la mise en place de nouvelles dispositions, notamment à travailler sur l’absorption du liquide des productions sur place. « Les conteneurs seront chargés dans les différents sites en brousse ensuite dirigés vers les ports » a-t-il fait savoir. Et d’expliquer qu’une fois en ville, ils seront stockés pendant au moins une semaine afin qu’ils puissent être égouttés avant d’être fumigés de sorte à détruire toutes larves qui pourront devenir des microbes. Le Président prévient enfin que si rien n’est fait, la Côte d’Ivoire qui produit près d’un million de tonnes de caoutchouc par an connaîtra une crise sans précédent dans la filière hévéa.
Par Wakiyatou KOBRE



















