
Dans une interview accordée à Associated Press, Mo Ibrahim déplore la « concurrence » mondiale pour les vaccins et fait valoir qu’« au moins une partie raisonnable » devrait aller aux travailleurs de première ligne en Afrique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a signalé la semaine dernière que les livraisons de vaccins étaient « presque à l’arrêt » en Afrique, à un moment où certains pays sont confrontés à un pic de cas.
L’Afrique a administré des doses de vaccin à 31 millions de ses 1,3 milliard d’habitants. Seuls sept millions de personnes sont entièrement vaccinées, selon la directrice Afrique de l’OMS, Matshidiso Moeti, citée par Africanews. L’Afrique subsaharienne n’a administré en moyenne qu’une dose de vaccin pour 100 personnes, alors que la moyenne mondiale est de 23 doses pour 100 personnes, a-t-elle ajouté, réitérant l’appel lancé par l’Afrique aux pays plus riches ayant une couverture vaccinale importante pour qu’ils partagent certaines des doses restantes. Le président Joe Biden a déclaré que les États-Unis partageraient certains de leurs vaccins. Mo Ibrahim, a prévenu que l’Afrique ne pouvait pas se permettre de rester les bras croisés, évoquant la nécessité d’une plus grande responsabilisation des gouvernements qui se sont engagés en 2001 à consacrer au moins 15 % de leur budget national à la santé publique.
Immunité collective
Citant la Tanzanie sous l’ancien dirigeant John Magufuli, décédé en mars, Mo Ibrahim s’est dit déçu que certains présidents semblent écarter la menace de la Covid-19. « Nous devons demander des comptes à nos dirigeants », a-t-il déclaré. L’Afrique a confirmé plus de 4,9 millions de cas de Covid-19, dont 132 000 décès, ce qui représente une infime partie du nombre de cas dans le monde. Cependant, certains experts craignent que le continent souffre beaucoup à long terme si une plus grande partie de sa population n’est pas vaccinée dans le cadre des efforts visant à atteindre l’immunité collective, c’est-à-dire lorsqu’un nombre suffisant de personnes sont protégées par l’infection ou la vaccination pour qu’il soit difficile pour un virus de continuer à se propager. Pour atteindre cet objectif, il faudra environ 1,5 milliard de doses de vaccin pour l’Afrique si l’utilisation du vaccin à deux doses d’AstraZeneca, souvent la principale dose disponible dans le cadre du programme Covax soutenu par les donateurs pour garantir l’accès des pays en développement, est généralisée.
Oumou Konaté