
Des responsables de l’opposition étaient face à la presse, le samedi 10 juillet 2021, à Ouagadougou. A l’ordre du jour, le bilan de la marche des 03 et 04 juillet 2021 relativement à la détérioration de la situation sécuritaire, la vie chère. L’opposition affiliée au CFOP s’est aussi prononcée sur la récente sortie médiatique des partis de la majorité présidentielle condamnant leur initiative.
Me Gilbert Noël Ouedraogo, président de l’Alliance pour la Démocratie et la Fédération-Rassemblement Démocratique Africain (ADF-RDA), et principal orateur de la rencontre avec la presse étaient entouré par plusieurs autres cadres des partis membres du cadre de concertation du CFOP. Ce point de presse a été organisé pour faire le bilan de la marche de protestation des 03 et 04 juillet 2021 à l’appel du CFOP.
A ceux qui ont qualifié la marche d’opportuniste, Me Gilbert Noël Ouédraogo leur répondra qu’il s’agit un art de déplacer les problèmes. Et la question reste de savoir, si oui ou non, il y a un problème d’insécurité au Burkina Faso? Avec plus du million de personnes déplacées, 2000 Burkinabè assassinés, si cela est de l’histoire, dit-il, alors l’opposition politique s’est trompée. Pour lui, avec la vérité des chiffres avancés, l’opposition dans sa démarche n’a fait que jouer son rôle républicain qui est celui de solidariser avec le peuple.
S’agissant du retrait de l’opposition du dialogue politique, Me Gilbert Noël Ouédraogo a indiqué que la divergence des vues a porté sur la question de la sécurité, l’opposition ayant réclamé la démission du premier ministre et du ministre de la Défense, après une évaluation de la situation, suite aux attaques de Solhan et des policiers tués. C’est au regard de cela, dit-il, que l’opposition a jugé qu’il était nécessaire de suspendre le dialogue politique, pour aller à des manifestations et attirer l’attention des gouvernants sur la nécessité de trouver une solution. Mais néanmoins, l’opposition s’est dite ouverte à une reprise du dialogue politique à condition que “la question sécuritaire soit remise sur la table comme la priorité des priorités” et surtout que “le Chef de l’Etat présente les mesures fortes qu’il entend prendre pour sécuriser la population et assurer l’intégrité du territoire national”.

A la question de savoir si l’opposition avait des solutions à l’insécurité à proposer au gouvernement, Dô Pascal Sessouma, président de Vision Burkina-Parti Pacifiste, a rétorqué que: “Ce n’est pas le rôle de l’opposition d’interférer dans les affaires de l’Etat. C’est au gouvernement de faire des propositions. C’est leur pouvoir, c’est à eux d’apporter les solutions aux préoccupations des Burkinabè. S’ils n’ont pas la capacité, alors c’est à eux d’en tirer toutes les conséquences”.
Le Brassard noir doit cesser de vivre de l’économie de la souffrance de la population
Un autre sujet qui enflamme la toile, c’est l’achat du véhicule à 96 millions pour le ministère de la Culture. “Pouvez vous comprendre que dans un pays en guerre, la priorité de ce pays soit d’acheter des 4×4 à 96 millions de FCFA. Si ces 96 millions de FCFA étaient mis à la disposition des VDP, quel travail de protection du territoire peut- on obtenir comme résultat? S’est interrogé Me Gilbert Ouédraogo. « Ce qui nous étonne encore plus, c’est que la question a été posée à un sankariste (référence faite à Me Bénéwendé Stanislas Sankara, ministre de l’habitat, qui a tenté de justifier cette dépense jugée exorbitante, ndlr ) qui s’inspire des valeurs de Sankara. Sankara qui a donné l’exemple en circulant avec des Renault 5. J’ai du mal à comprendre”, s’est lâché Me Gilbert Noël Ouédraogo. Il a également répondu au mouvement “le Brassard noir” en ces termes: “Il est temps pour le Brassard noir de cesser de vivre de l’économie de la souffrance de la population pendant l’insurrection populaire et d’apprendre à travailler” .En rappel, le Brassard Noir avait déclaré dans sa dernière sortie que l’opposition était capable d’enjamber des cadavres pour accéder au pouvoir.
Eddie Komboïgo, Chef de file de l’Opposition politique burkinabè, présent lors de la conférence de presse, a confié que “les vuvuzela du gouvernement (activistes du gouvernement, ndlr) encourageant le président du Faso à aller droit dans le mur, l’opposition empêchera , selon lui le peuple burkinabè d’aller au mur” .
Lucien DAKISSAGA