
Ce n’était une surprise pour personne, mais c’est la date qui n’était pas connue. Le Premier ministre, Paul Kaba Thieba a rendu sa démission et celle de son gouvernement le vendredi 18 janvier 2019, dans la soirée. Zoom sur une gestion ‘’mitigée’’ de PKT.
Janvier 2016-Janvier 2019, cela fait exactement trois ans que Paul Kaba Thiéba était à la tête du gouvernement burkinabè. Nommé le 7 janvier 2016 à la tête du gouvernement, Paul Kaba Thieba a pris le navire gouvernemental dans un contexte post-insurrectionnel, marqué par une transition mouvementée. L’on se souvient que dès le 13 janvier 2016, l’économiste qui venait de Dakar avait clairement affiché ses intentions en indiquant qu’on ne pouvait plus gouverner le pays de la même façon. Il faut un combat contre le sous-développement, l’injustice et la pauvreté, avait-il insisté. Sa stratégie, il l’avait résumé en trois points, impératif de bonne gouvernance, nécessité de mettre en œuvre des réformes économiques et courageuses et enfin faire en sorte que tous les fruits de la croissance soient au service de la lutte contre les inégalités et pour la réduction de la fracture sociale. A-t-il réussi dans la mise en œuvre de son programme ? Il faudra certainement attendre quelques années pour en savoir plus.
Et si y’a un projet qui tenait véritablement à cœur au Premier ministre démissionnaire, c’est bien le plan national de développement économique et social (PNDES). Elaboré au cours de l’année 2016, Paul Kaba Thiéba s’est rendu dans toutes les régions du Burkina pour expliquer le plan national de développement économique et social, une nouvelle vision du développement, censée changer structurellement l’économie du pays à travers la réforme des institutions, la modernisation de l’administration, le développement du capital humain et la dynamisation des secteurs porteurs de l’économie et des emplois. A la conférence de Paris en décembre 2016, des promesses de financement de ce plan à hauteur de plus de 18 000 milliards avaient été annoncées, créant ainsi une polémique au sein de l’opinion. Mauvaise communication ou simple volonté de faire semblant. Et en dépit de l’explication du secrétariat technique du PNDES, sur le fait que les 18 000 milliards n’étaient que des promesses, la majeure partie du financement devrait être mobilisée au plan interne.
La gouvernance de Paul Kaba Thieba a été émaillée par des difficultés et pas des moindres.
L’on se rappelle encore, à moins de deux jours de sa prise de fonction, le pays a été attaqué par des terroristes au cœur de la capitale, c’était le 15 janvier 2016. Et puis après, ces attaques se sont multipliées dans plusieurs localités du pays. D’abord concentrée dans la région du Sahel, l’insécurité s’est étendue à l’Est, au nord et au sud-ouest dans la boucle du Mouhoun. Ouagadougou, la capitale a été visée à trois reprises. Autres affronts, le monde syndical. Il y’a eu plus de 250 grèves entre 2016 et 2017 selon certains analystes. 2018 a été moins agitée, mais ces grèves ont aussi impactées négativement la conduite des actions du gouvernement Thieba. Paul Kaba Thieba, après avoir remanié son gouvernement trois fois, jette l’éponge au moment où 14 provinces du pays sont en état d’urgence et la cohésion sociale mise à rude épreuve après la tragédie de Yirgou. « Ma mission s’achève, certes, mais je reste engagé dans ce combat collectif pour asseoir un développement durable de notre pays et assuré le bien-être de ses filles et fils », a dit l’ancien Premier ministre sur sa page facebook, au lendemain de cette démission.
Dougoutigui