ESwatini : Un petit pays, en Afrique Australe

Au pouvoir depuis 1986, le roi Mswati III a redonné à son pays le nom d’origine, d’avant l’époque coloniale.  Le roi du Swaziland, dernier monarque absolu d’Afrique, a annoncé que son pays changeait de nom pour s’appeler eSwatini, une décision rendue publique à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance de ce petit Etat d’Afrique australe.

« Je voudrais annoncer que le Swaziland va reprendre son nom d’origine », a déclaré le roi Mswati III à Manzini centre, la deuxième ville du pays.  Selon lui, le Swaziland est le seul pays à avoir conservé son nom de l’époque coloniale. Donc à partir de maintenant, le pays s’appellera officiellement le royaume d’eSwatini, qui signifie le pays des Swazis, en langue swati.  Ancien protectorat britannique, ce petit pays montagneux, enclavé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique, a accédé à l’indépendance en 1968.  En effet, pendant l’ère coloniale, des pays africains ont changé de nom. Le Congo belge est devenu Zaïre avant de prendre le nom de République démocratique du Congo, la Rhodésie du Sud s’appelle le Zimbabwe, la Côte d’or a été rebaptisée Ghana.  C’est la dernière lubie du roi du Swaziland, Mswati III. Il a décidé brusquement et sans concertation de changer le nom de son pays en eSwatini. Une manière de marquer le cinquantième anniversaire de l’indépendance en revenant au nom d’avant la colonisation. Contrairement à d’autres pays, il n’y a pas eu de changement de nom à l’indépendance. Un oubli que Mswati III voulait visiblement réparer.  C’est un tout petit pays de 17.000 km², sans accès à la mer, coincé entre deux géants l’Afrique du Sud et le Mozambique. 1,3 million d’habitants y vivent, dont un très grand nombre sous le seuil de pauvreté. Ainsi, au pouvoir depuis 1986, le roi Mswati III est régulièrement épinglé par la communauté internationale et les ONG pour son train de vie dispendieux malgré la grande pauvreté de sa population, ainsi que pour ses violations répétées des droits de l’Homme.   En fait, les trois-quarts des habitants disposent de moins de deux dollars par jour pour survivre, alors que le chômage touche 40% de la population. Aussi, le taux de prévalence du VIH est le plus élevé du monde.  Outre de ces problèmes qui touchent le pays, le président, dictateur improbable, est assis sur une fortune personnelle estimée à 76 millions d’euros. Il a été couronné en 1986, alors qu’il n’avait que 18 ans. Depuis lors, Mswati III règne en monarque absolu, interdisant tout parti politique. Les députés doivent être acceptés par le roi avant de pouvoir siéger.  Parmi ses autres prérogatives, le roi est polygame et s’est marié quatorze fois déjà. Chaque épouse dispose de son propre palais et pour décider de la suite qui il va se marier, c’est au cours de la fête annuelle des Roseaux que le roi peut choisir une nouvelle épouse. C’est une cérémonie, durant laquelle des centaines de jeunes filles vierges dansent en l’honneur de leur roi, véritable divinité vivante.   Une monarchie absolue qui ne fait pourtant pas l’unanimité. En avril 2011 et avril 2012, des manifestations appelant au départ du roi ont été durement réprimées rappelle l’OBS. Un choix qui devrait obtenir le soutien de la population, souvent heurtée par le maintien du nom anglais de son pays.  « Nous voyons bien ici le style autocratique du roi Mswati », a dénoncé Alvit Dlamini, dirigeant du Congrès national de libération Ngwane. Un parti politique qui, comme tous les autres, n’est pas autorisé à participer aux élections. Selon Alvit Dlamini, le roi doit consulter la population et ne peut changer de nom à sa guise. Mais selon le Congrès des syndicats du Swaziland cité par l’AFP, le Parlement doit maintenant entamer la procédure d’amendement de la Constitution. On ne sait pas non plus quand l’usage du nouveau nom sera appliqué.

Par Wakiyatou KOBRE