Forum Sino-africain : eSwatini, n’était pas à ce grand rendez-vous


Il s’est tenu en Béijing, en république de la Chine populaire un forum sino-africain du 03 au 04 septembre 2018. Plus de 40 chefs d’Etat et représentants africains étaient à ce Forum pour la coopération Afrique Chine, le FOCAC. Cependant, le eSwatini, n’a pas participé à ce forum, pour la seule raison que le roi Mswati III, le président est toujours en coopération avec Taïwan.

Le président Xi Jinping a gagné son pari d’inviter toute l’Afrique ou presque, un seul petit Etat d’Afrique australe, l’eSwatini (ex-Swaziland), coincé entre Mozambique et Afrique du Sud, manque à l’appel. Et pour cause, c’est le seul pays du continent à avoir maintenu des relations diplomatiques avec la République de Chine, c’està-dire Taïwan.  C’est le seul pays sur le continent, qui ne souhaite aucun soutien de la part du grand sommet sino-africain.  C’est aussi ce pays, qui a refusé d’adhérer aux termes de la Chine pour bénéficier du développement.  Ce pays, l’eSwatini, la seule monarchie absolue au monde qui était autrefois connue sous le nom de Swaziland.  Jusqu’à récemment, eSwatini, Sao Tomé-et-Principe et le Burkina Faso étaient les seuls pays africains à reconnaître Taiwan comme allié.  Sao Tomé-etPrincipe et le Burkina Faso ont pris part au forum et signé les accords de développement que la Chine offrait alors qu’eSwatini a préféré conserver Taiwan, considérée comme une région séparatiste par la Chine. Le gouvernement taïwanais fournit une aide militaire et une aide économique à eSwatini.  Outres des deux autres alliés africains de Taïwan, à savoir Sao Tomé et surtout le Burkina Faso, qui ont tourné depuis 2016 pour basculer du côté de la Chine communiste, trois autres pays, à savoir d’Amérique centrale et des Caraïbes, se sont également tourné vers la Chine. Le ralliement de Ouagadougou, le 26 mai dernier, fut pour les Chinois une véritable victoire, alors que des responsables politiques burkinabés s’étaient publiquement offusqués des propositions d’aide chinoise. Taipei n’avait pas pu déplorer que cet allié de vingt-quatre ans succombe aux tentations de la diplomatie du Yen chinois. Concernant l’exception de  eSwatini, l’envoyée spéciale du gouvernement chinois pour l’Afrique, Xu Jinghu, a déclaré lors d’un point presse récent que la Chine n’exercerait aucune pression sur Mbabane.  La diplomatie du carnet de chèques fut à l’origine l’apanage de Taïwan dans les années 1990 jusqu’à ce que la jeune démocratie adopte une approche plus vertueuse, en privilégiant l’aide humanitaire et la culture. En eSwatini, Taïwan a également financé un hôpital et construit le nouvel aéroport. L’organisation bouddhiste Amitofo, qui est aidée par le gouvernement taïwanais dans ses actions humanitaires en Afrique, y est connue pour ses orphelinats. Mais elle l’est aussi dans nombre de pays africains ayant établi des relations avec Pékin.  Cependant, pour Taipei, la constance d’eSwatini est quelque peu embarrassante, car le pays est une monarchie absolue, qui n’autorise pas les partis politiques. Or Taïwan, qui est gouverné par le Parti démocrate progressiste (DPP), issu de la lutte contre la dictature, a pour stratégie de se démarquer de la Chine en mettant en avant son attachement à la démocratie.  L’entente entre Taipei et Mbabane est principalement attribuée à la famille royale. En effet, l’un des fils du roi Mswati III, bien placé dans la succession de ce monarque aux nombreuses épouses, vient de recevoir son diplôme d’une université taïwanaise. Sa cérémonie de remise de diplôme a coïncidé avec la visite officielle de son père à Taipei, en juin dernier. Cela n’a pas échappé à l’opposition politique brimée du petit Etat africain, qui a dénoncé de nouvelles extravagances.  En rappel, la Chine et Taiwan se sont séparés en 1949 après la victoire des communistes dans une guerre civile qui a vu les nationalistes s’enfuir sur l’île. Les deux parties ne se sont jamais réunies depuis lors, malgré les batailles diplomatiques.

Par Wakiyatou KOBRE