Gabon : AFRICA No 1 meurt avec ses agents

AFRICA No 1 est de loin, la seule radio panafricaine qui a très vite fait connaître le Gabon à travers le continent et au-delà. Cependant, depuis le départ en 2000 de certains actionnaires notamment la France et la Lybie, la radio est en difficulté. A tel point que ce média est programmé pour la liquidation et avec lui, le tam-tam africain entraine dans son extinction, les hommes dynamiques qui ont porté loin sa voix, les uns après les autres.
AFRICA No 1 est une radio africaine créée au Gabon en 1981. Elle est née de la volonté du président gabonais Omar Bongo qui a commencé par faire ériger un centre de diffusion à Moyabi, opérationnel en 1979. C’est ainsi que par la suite, en 1981 l’État gabonais a financé, en partenariat avec des investisseurs privés et la Sofirad (société à capitaux publics français), la création d’AFRICA No 1. Avec plus de 30 millions d’auditeurs par semaine à travers l’Afrique, la radio s’est signalée très vite comme étant le bouclier dont dispose désormais les Africains pour contrebalancer le flux d’informations souvent tendancieuses des médias étrangers en direction du continent noir. Alors qu’elle avait à peine 10 ans en 1991, la radio a été classée comme la plus écoutée dans sa zone de couverture sur un total de 17 fréquences à travers l’Afrique francophone par le classement Marcomer Gallup. En Afrique, elle a même devancé toutes les autres radios internationales comme RFI et BBC Afrique. Représentant la fierté des Africains, c’est par cette radio que la plupart ont appris les heures glorieuses et sombres de l’histoire du continent comme l’assassinat de Thomas Sankara, la libération de Nelson Mandela, l’indépendance de la Namibie, pour ne citer que ces exemples. Cependant, selon une presse locale, le succès ne durera pas longtemps puisqu’après le départ en 2000 de ses actionnaires, commence alors la descente aux enfers de ce média qui a pourtant fait sa grandeur, en faisant résonner sa voix au-delà des limites du continent africain. En effet, toujours selon la presse locale, détenteur de 40% des capitaux, la France s’est désengagée d’AFRICA No1 Gabon qui est par la suite passée sous le contrôle de la Jamahiriya arabe libyenne en 2007. Vue comme une lueur d’espoir d’autant plus par les agents de la radio que les auditeurs, l’arrivée de la Libye avec ses 52% des parts d’actions de l’entreprise, ne tardera, lui aussi, à apporter des problèmes suite à l’assassinat en 2011, du guide Libyen Mouammar Kadhafi. C’est ainsi que l’Etat gabonais ne représentant que 35% des parts d’actions, se retrouve seul maître à bord d’un bateau au bord du naufrage. Le malheur recommence de plus belle et s’accélère à la vitesse V. Des mois de salaires impayés s’accumulent, certains agents ne pouvant plus supporter le bénévolat de circonstance, démissionnent. A ce jour, plus de 15 mois d’arriérés de salaires sont dus aux agents qui arrêtent le travail pour entre autres vétustés du matériel. L’unique fréquence encore jusque-là fonctionnelle, (94.5 FM) qui desservait la ville de Libreville a elle aussi été retirée, signe de l’extinction totale de l’entreprise. A en croire les informations données dans un média national, pour l’Etat gabonais la solution est désormais la liquidation. Mais alors que la procédure de la liquidation a été lancée, les agents, toutes catégories confondues, et comme liés intimement dans le dénouement et l’oubli avec la radio, faute de moyens pour se soigner, se loger, se nourrir et scolariser leurs enfants, eux meurent progressivement avant d’avoir perçu leurs salaires et le règlement de leurs droits légaux, parce que les choses traînent depuis des années. Le dernier en date est Yves Antonio OGOULA, qui vient de s’éteindre à Port-Gentil des suites d’une courte maladie. Décès survenu à la suite de celui de Lionel Gaston NDOMBI MBADINGA fin novembre 2018.
Sé Alida MILLOGO