Gambie/Meurtre de 59 migrants: des ONG appellent les chefs d’Etat ouest-africains à saisir la justice contre Yaya Djameh

Après deux semaines d’auditions devant la Commission Vérité Réconciliation et Réparations gambienne (TRRC), plusieurs témoins du massacre d’une soixantaine de migrants ouest-africains, en Gambie, en 2005 demandent que justice soit rendue. Les ONG Human Rights Watch et TRIAL International appellent ainsi les dirigeants des neuf pays concernés à traduire l’ancien président Yahya Jammeh, mis en cause dans les meurtres, devant la justice.

Les ONG Human Rights Watch (HRW) et TRIAL International souhaitent que Yahya Jammeh soit traduit en justice pour qu’il réponde des faits qui lui sont reprochés, notamment, le meurtre des migrants

Ils étaient originaires du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Liberia, du Nigeria, du Sénégal, de la Sierra Leone et du Togo. Eux, ce sont les 59 migrants tués en Gambie en 2005, alors qu’ils tentaient de regagner l’Europe pour améliorer leur condition de vie. Plus de quinze ans après, les survivants et les familles des victimes réclament toujours la vérité sur le massacre. Les auditions sur ledit drame qui ont eu lieu devant la TRRC ces dernières semaines (entre le 24 février et 11 mars) ont permis de mettre un peu en lumière les conditions du meurtre des migrants. Selon plusieurs témoins, dont des ex-junglers (anciens gardes rapprochés de Yaya Jammeh) l’ancien président Yahya Jammeh serait le commanditaire du meurtre des 59 migrants. L’ancien ministre de l’Intérieur, Baboucarr Jatta, a lui-même confirmé cette version des faits en admettant que les meurtres étaient, selon lui, une « exécution d’État, conduite par des soldats du palais présidentiel  » et que ces soldats avaient agi sous les ordres de Yahya Jammeh, selon le site Infomigrant. Le ghanéen Martin Kyere, seul survivant du drame a expliqué avoir profité que ses liens se soient desserrés pendant le trajet qui les conduisaient, ses compagnons et lui dans la forêt pour sauter du pick-up qui les conduisaient. Ce qui lui aurait permis d’avoir la vie sauve, tous les autres ayant été tués dans cette forêt. Il réclame justice pour ses camarades d’infortune.

Des ONG appellent les chefs d’Etat ouest-africains à traduire Jammeh en Justice

L’ancien président gambien est accusé d’avoir fomenté plusieurs crimes dont des meurtres et des viols. Concernant le meurtre des migrants les proches des victimes aussi bien que des ONG demandent à ce qu’il soit traduit en justice. Selon Human Rights Watch (HRW) et TRIAL International, les différents aveux mettent clairement « en cause l’ancien président Yahya Jammeh dans l’exécution sommaire des 59 migrants ouest-africains » et « devraient conduire à l’établissement des responsabilités pénales », ont écrit les deux ONG dans un communiqué du 12 mars. Human Rights Watch qui appelle la Gambie ainsi que les huit États ouest-africains dont les ressortissants figurent parmi les victimes du massacre à porter les conclusions de la TRRC au stade suivant : « Tous ces pays devraient soutenir une enquête pénale et, le cas échéant, la poursuite de Jammeh et d’autres individus responsables du massacre des migrants et d’autres crimes graves commis par son gouvernement. » a rapporté la même source. Cependant jusqu’à présent aucun de ses pays ne s’est prononcé à ce sujet. Pas même le Ghana qui compte la majorité des victimes de ce meurtre.

Line Rose