Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a effectué le vendredi 4 janvier 2019 une visite surprise à Koulogon dans le centre du pays où 37 villageois peuls ont été tués dans une attaque attribuée à des chasseurs traditionnels dozos. Il a rassuré les habitants que ce crime ne restera pas impuni.
Quatre jours après une attaque dirigée contre des membres de la communauté peule qui a fait plusieurs morts, le président Ibrahim Boubacar Keïta s’est rendu à Koulogon dans ce village qui est toujours sous le choc. Sans grande annonce, cette visite dans le centre du Mali s’est passée dans la discrétion. Arrivé en hélicoptère, accompagné des élus locaux et des responsables de l’armée, le chef de l’Etat malien s’est recueilli sur les tombes des victimes dans un climat lourd. Selon deux responsables locaux, joints par RFI, IBK a remis plusieurs tonnes de vivres et une enveloppe de 10 millions de francs CFA, soit plus de 15 000 euros, pour aider les victimes et reconstruire le village. Selon toujours ces responsables locaux, seuls quelques habitants, essentiellement des femmes et des enfants, encore sous le choc, errant au milieu des maisons brûlées, attendaient le président à son arrivée. Cette attaque a été attribuée par les autorités à des « hommes armés habillés en tenue de chasseurs traditionnels dozos », qui prétendent protéger les Dogons contre les Peuls. Le bilan officiel est de 37 morts, plusieurs blessés et de nombreuses maisons incendiées. Ibrahim Boubakar Keita qui s’est entretenu avec les habitants a rassuré que ce crime ne restera pas impuni. « Nous sommes venus vous voir et vous dire que l’État malien est à vos côtés, présenter les condoléances de la nation et vous assurer que ce crime ne restera pas impuni », a-t-il affirmé. Selon Jeune Afrique, sept « suspects » ont été interpellés, ainsi que 24 hommes ayant mené peu après une attaque dans un village proche, Bobosso, lors d’une opération au cours de laquelle un « assaillant » a été tué. Le gouvernement a annoncé le lancement prochain d’« opérations de grande envergure ». La France pour sa part, s’est dite « préoccupée par l’augmentation des meurtres et violences graves à l’encontre des civils » dans le centre du Mali, où les violences intercommunautaires, selon l’ONU ont fait plus de 500 morts civils en 2018. L’ONU a aussi condamné cette attaque. « Je condamne fermement ces attaques contre les civils dans le village de Koulogon peul et demande à ce que les auteurs puissent en répondre », a déclaré Joanne Adamson, représentante spéciale adjointe du secrétaire général des Nations Unies au Mali. Une équipe d’enquêteurs de la mission de l’ONU au Mali (Minusma) doit aussi prochainement se rendre sur place, a indiqué Jeune Afrique. Depuis l’apparition, il y a quatre ans, du mouvement terroriste du prédicateur peul Amadou Koufa, dans le centre du Mali, les peuls sont régulièrement pris pour cible dans les attaques intercommunautaires. Amadou Koufa a été tué fin novembre 2018 dans une opération militaire française soutenue par l’armée malienne, selon Paris et Bamako.
Auguste Don de Dieu