Longtemps épargnée par le phénomène de déforestation, la forêt d’Afrique centrale fait désormais face à de plus en plus de pressions. Conséquence, deux millions d’hectares y sont déboisés chaque année. Pour inverser la tendance, une centaine de pays, représentant 85 % des forêts du monde, se sont officiellement engagés, le mardi 02 novembre 2021, lors de la COP 26, à enrayer la déforestation d’ici à 2030
D’une superficie de près de 200 millions d’hectares, la forêt amazonienne est la deuxième forêt tropicale du monde, s’étendant sur pas moins de six pays. Quelque 60 % de sa superficie se trouvent en République démocratique du Congo. Les 40 % restants sont partagés entre le Cameroun, la République du Congo, le Gabon, la République centrafricaine et la Guinée équatoriale. « Cette forêt joue un rôle primordial dans la lutte contre le réchauffement climatique car, le seul endroit où les forêts non perturbées absorbent encore davantage de CO2 qu’elles n’en rejettent, c’est en Afrique centrale. Cela veut dire qu’aujourd’hui, le massif forestier de cette région est un véritable puits de carbone à l’échelle de la planète », aaffirmé Maxime Réjou-Méchain, écologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Deux millions d’hectares détruits chaque année
Cependant le constat de nos jours est amer en raison de la déforestation galopante. On estime que deux millions d’hectares sont détruits chaque année. Au total, dix millions ont été déboisés entre 2015 et 2020. Selon Alain Karsenty, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et spécialiste de l’Afrique centrale, « contrairement à l’Amazonie ou à l’Asie du Sud-Est où la déforestation est principalement due à l’agriculture industrielle, avec des forêts entières remplacées par des champs d’hévéas ou de soja, en Afrique centrale, elle vient essentiellement de l’agriculture sur brûlis et de l’exploitation de charbon de bois ». A cet effet, la République démocratique du Congo est largement pointée du doigt. À lui seul, en trente ans, le pays a perdu 20 % de ses forêts humides, soit presque autant que le Brésil, selon les chiffres du Joint Research Center (JRC) européen. En cause, une pression démographique de plus en plus importante entraînant une explosion de l’exploitation des ressources. Par contre le Gabon, avec ses 2 millions d’habitants et un territoire recouvert à 90 % par des forêts, connaît une perte de couverture forestière estimée à 2,5 % en trente ans. De son côté, l’écologiste Maxime Réjou-Méchain estime que “l’exploitation minière ou encore l’agriculture industrielle jouent aussi un rôle dans cette déforestation, même si ce ne sont pas des facteurs majeurs”. Il prend en exemple le Cameroun où on observe de plus en plus de champs de cacao, notamment, à la place des forêts.
Investir et transformer les pratiques
Pour pallier la déforestation, Alain Karsenty appelle avant tout à investir massivement pour transformer les pratiques. « Il faut aider les paysans à se former à de nouvelles pratiques pour sortir de l’agriculture sur brûlis. Il faut les accompagner de façon à ce qu’ils améliorent leurs rendements de façon réfléchie et écologique en occupant moins de territoire”, a-t’il préconisé. Une position partagée par Maxime Réjou-Méchain pour qui “Il faut aller vers d’autres pratiques, pourquoi pas vers l’agroforesterie qui permettrait de diminuer la destruction des terres”. Aussi, il propose comme alternative de travailler à réunifier la forêt. « Aujourd’hui, la forêt se trouve fragmentée à cause des activités humaines. Il faut créer des corridors pour reconnecter des espaces », explique-t-il. « Cela permettrait aux espèces animales et végétales de continuer à se déplacer et, par là même, de préserver la biodiversité », a-t-il insisté.
À la COP26, les États se sont engagés à mobiliser 19,2 milliards de dollars (16,5 milliards d’euros) sur plusieurs années pour enrayer la déforestation. Aussi, vingt-huit pays représentant trois quarts du commerce mondial de matières premières susceptibles de menacer les forêts, comme l’huile de palme et le cacao, ont aussi souscrit à une déclaration pour agir de manière plus équitable et transparente. Enfin, plus de 30 institutions financières comme Aviva ou Axa se sont, elles, engagées à ne plus investir dans les activités liées à la déforestation.
Source: france24.com
Roseline BADO



















