L’Algérie va imposer des restrictions aux manifestations de rue

 L’Algérie interdira toute manifestation qui n’aura pas été approuvée au préalable, selon un communiqué rendu public ce dimanche. Cette décision vise apparemment les manifestations de masse hebdomadaires dénommé le hirak et qui ont contribué à évincer l’ex président vétéran Bouteflika en 2019, révèle Reuters.

Malgré le départ de l’ex-président Bouteflika les manifestants du Hirak sont toujours dans les rues réclamant un changement radical de l’équipe dirigeante

Bien que le Hirak a eu raison du régime d’Abdelaziz Bouteflika, les manifestants ont continué d’exiger une purge plus approfondie de l’élite dirigeante, avec à sa tête le président Abdelmadjid Tebboune. Le ministère de l’Intérieur a déclaré que toutes les manifestations nécessiteraient un permis spécifiant les noms des organisateurs et une heure de début et de fin des manifestations. « Le non-respect de ces procédures entraînera une violation de la loi et de la constitution, qui nient la légitimité de la marche, et il sera nécessaire de la traiter sur cette base », a déclaré le ministère. De telles restrictions, même si des permis étaient accordés, signifieraient nommer des individus spécifiques comme étant officiellement responsables , hors le mouvement de protestation jusqu’ici est sans chef légitime. Certains manifestants pensent que les restrictions visent à mettre fin à toutes les marches de rue. « Ils cherchent des raisons pour justifier toute décision d’interdire les marches », a déclaré Ahmed Badili, membre du mouvement de protestation.

Les élections législatives anticipées du 12 juin en vue

Le non-respect de ces procédures entraînera une violation de la loi selon le ministre de l’Intérieur

Les mesures entreprises par le ministère de l’intérieur algérien, sont conformes à une clause d’une nouvelle constitution approuvée par les électeurs algériens en novembre de l’année dernière, lors d’un référendum qui n’a attiré que 25% de participation, ce qui oblige les organisateurs à donner des informations à l’avance avant les manifestations. Il faut toutefois noter que ces  restrictions interviennent avant les élections législatives anticipées du 12 juin que le président Abdelmadjid Tebboune, élu en décembre 2019 lors d’un vote boycotté par le mouvement de protestation, a juré qu’elles seraient justes et transparentes. Le mouvement du Hirak est un mouvement de contestation qui voit des milliers de personnes défiler tous les vendredis depuis février 2019  avant son interruption de près d’un an en raison de la pandémie de COVID-19. Les contestataires qui semblent vouloir reprendre le mouvement sont pris de court par cette décision gouvernementale.

Pierre Oued.