L’ancien président de Madagascar Didier Ratsiraka , officier de marine et instigateur d’une révolution socialiste sur l’île de l’océan Indien, est décédé dimanche matin à l’âge de 84 ans, a annoncé le président Andry Rajoelina.
« Les Malgaches ont perdu un illustre patriote », a déclaré Rajoelina sur Twitter. Ses proches indiquent qu’il a succombé à un arrêt cardiaque alors qu’il était hospitalisé depuis mardi pour un « contrôle de routine dû à une petite grippe », selon L’AFP. A l’annonce de son décès, les hommages à cette figure emblématique de la vie politique malgache se sont succédé. Selon Vincent Radanielson l’un des leaders de l’AREMA ,le parti perd son fondateur.« Le principal héritage qu’il nous laisse, c’est l’amour de la patrie et le sens de la parole donnée. Le parti AREMA est toujours là et c’est un parti qui a 45 ans maintenant. Nous avons fait une rénovation. Un nouveau comité directeur vient d’être élu et ce sont des jeunes qui sont là. », a indiqué à Rfi Vincent Radanielson. “Il n’a pas eu comme priorité l’enrichissement personnel. Il a construit sa première maison en 2000. Et il ne possédait pas de voiture. C’était une richesse intérieure et une richesse morale” a laissé entendre son neveu Roland Ratsiraka, rappelant qu’il était aussi un homme d’État désintéressé de toute forme d’enrichissement personnel”. Une cérémonie d’Honneur Militaire a lieu lundi dans la Cour d’Honneur du Palais d’État de Lavoloha, un palais qu’il a fait construire au début de son premier mandat, il sera ensuite inhumé au Mausolée de la capitale.
Portrait
Surnommé «Deba», malgache pour «méchant» et «patron», Ratsiraka était au pouvoir de 1975 à 1991 et est revenu pour un autre passage de 1997 à 2002. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir selon Seychelles news agency, il avait a pratiqué une forme de marxisme et avait des liens étroits avec Kim Il Sung de la Corée du Nord, Fidel Castro de Cuba et le Kremlin .Mais les revers économiques et les pressions pour une plus grande ouverture politique au milieu d’allégations de corruption généralisée ont amené un nouveau libéralisme, forçant finalement sa démission en 1991..Quatre ans plus tard, Ratsiraka est revenu au pouvoir après la destitution de Zafy pour violation de la constitution. La violence a de nouveau éclaté à la fin de 2001 lorsque Ratsiraka a demandé sa réélection contre son principal rival, le maire et entrepreneur d’Antananarivo, Marc Ravalomanana. Les résultats du premier tour n’ont donné ni plus de 50% des voix. Ravalomanana a refusé d’organiser un second tour de scrutin, tandis que Ratsiraka a refusé de concéder sa défaite, plongeant le pays dans sept mois de violence et de chaos. L’impasse a divisé le pays en deux avec deux capitales selon l’AFP , deux gouvernements et une armée divisée jusqu’à ce que Ravalomanana soit officiellement proclamé président en avril 2002 et assermenté le 6 mai, Ratsiraka contestant toujours le résultat. En juillet suivant, Ratsiraka s’est enfui en exil en France avant de revenir brièvement à Madagascar en 2011, embrassant le sol et faisant des pompes à l’aéroport pour annoncer son arrivée. Il s’est finalement complètement installé dans le pays en 2013.En 2003, Ratsiraka a été condamné par contumace à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité de l’État et à 10 ans pour détournement de fonds publics. Les peines ont par la suite été annulées.
K.Fiakofi