Les étrangers présents au Danemark et qui voudront demander l’asile devront maintenant le faire depuis le Rwanda. C’est ce que l’on appelle l’externalisation des demandes d’asile. Cependant le Rwanda assure qu’il ne s’est pas engagé à recevoir des demandeurs d’asile du Danemark, nous indique RFI.

Externaliser les demandes d’asile pour un pays signifie qu’un réfugié, un clandestin, qui après avoir traversé la Méditerranée et toute l’Europe, se retrouve au Danemark et y demande l’asile. Il va être enregistré, puis il sera mis dans un avion en direction du Rwanda, où il pourra faire sa demande dans un centre de réfugiés. C’est cette option qu’a choisie le Danemark pour traiter ses nombreuses demandes d’asile, en cherchant des accords avec plusieurs pays, dont la Tunisie, l’Éthiopie, mais c’est avec le gouvernement du Rwanda qu’un protocole d’entente a été signé. Toutes ces négociations ont duré des mois. Deux ministres danois étaient à Kigali fin avril et l’accord a été publié sur Twitter. Le ministre danois de l’Immigration Mattias Tesfaye, lui-même fils de réfugié, assure que le système sera « plus humain et équitable », car il réduira les flux sur les routes migratoires, où l’on risque sa vie.
Un projet contreproductif
Les autorités rwandaises ont apporté un démenti formel quant à l’envoi de migrants sur sol du Danemark. S’il est vrai qu’un protocole d’entente sur les questions d’asile et de migration a bien été signé, le 27 avril à Kigali, par les autorités rwandaises et danoises, il n’entérine pas systématiquement l’envoi de demandeurs d’asile du Danemark vers le Rwanda, souligne un communiqué du ministère des Affaires étrangères et consulté par RFI. Si le Danemark jette son dévolu sur l’externalisation en Afrique, c’est que le Rwanda apparaît comme un candidat idéal, puisque le pays accueille déjà depuis plus d’un an des centaines de réfugiés évacués de Libye, dans l’attente d’une solution d’asile en Europe ou ailleurs. Au Danemark, les réactions sont contrastées. Du côté des associations de défense des droits de l’homme, on est consterné. Si d’autres pays imitent le Danemark, c’est le droit d’asile qui est remis en cause. Pour le HCR au Rwanda, le projet du Danemark serait en tout cas « contreproductif », puisqu’il enverrait des réfugiés supplémentaires dans un pays qui en accueille déjà plus de 130 000.
Pierre Oued.