
Le gouvernement nigérien a demandé, lundi 7 juin, à tous les médias audiovisuels de suspendre immédiatement leur compte Twitter, ont rapporté plusieurs sources. Cette demande fait suite à la décision du gouvernement, vendredi 4 juin, de suspendre Twitter après la suppression par le réseau social d’un tweet du président, Muhammadu Buhari.
« Nous conseillons à toutes les entreprises audiovisuelles de désinstaller leur compte Twitter, et de cesser d’utiliser Twitter pour rechercher des informations, ou des sources d’information », a déclaré Armstrong Idachaba, directeur de l’organe de régulation audiovisuelle, la National Broadcasting Commission (NBC), dans un communiqué, cité par Le Monde. Il a ajouté que «cela serait considéré comme antipatriotique pour quelconque média audiovisuel de continuer à soutenir Twitter ».
Ce communiqué fait suite à l’annonce, vendredi, de la suspension de Twitter pour une durée indéterminée, après que le réseau social ait supprimé un message du président Muhammadu Buhari, qui menaçait de « traiter avec un langage qu’ils comprennent » les responsables des violences actuelles dans le sud-est du Nigeria, attribuées par les autorités à des séparatistes igbos.

Selon plusieurs sources concordantes, l’Union européenne (UE), la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Canada ont déploré la suspension de Twitter dans un communiqué conjoint, et leurs ambassadeurs ont été reçus dans une réunion à huis-clos lundi matin auprès du ministre des Affaires Etrangères, Geoffrey Onyeama.
Les organisations de défense des droits humains ont affirmé que cette disposition enfreint les principes de liberté fondamentale institués par la Constitution de 1999, date officielle de la fin des régimes militaires.
« Le bâillonnement de Twitter est surtout un moyen de bâillonner les médias », a assuré le responsable web d’une chaîne de télévision à l’AFP, cité par TV5Monde. « Nous devons réagir, car si nous ne réagissons pas à ça, ils peuvent encore aller plus loin », a-t-il ajouté.
Les médias nigérians ont une très forte présence sur les réseaux sociaux, enregistrant des millions d’abonnés sur Twitter, qui est très populaire au Nigeria, où l’âge médian de la population est de 18 ans. Plus de 39 millions des quelque 200 millions de Nigérians ont un compte Twitter, selon un sondage. La plateforme joue un rôle important dans le débat public, avec des hashtags ayant eu un grand écho, comme #BringBackOurGirls (« Ramenez nos filles »), devenu viral lors de l’enlèvement de 276 écolières par le groupe jihadiste Boko Haram en 2014, ou #EndSARS, qui a donné en 2020 son nom au vaste mouvement contre les brutalités policières et contre le pouvoir.
Leylatou TIENDREBEOGO