L’opposition politique burkinabè s’est expliquée le lundi 24 décembre 2018 à Ouagadougou sur son refus d’avoir voté pour la loi des finances 2019. Face à la presse, ces députés estiment que ce budget a un caractère d’harcèlement fiscal et porte ainsi d a n g e r e u s e m e n t atteinte aux attentes des populations et est de nature à contribuer à une érosion du pouvoir d’achat dans un contexte déjà difficile.
Ils se sont opposés à la loi des finances 2019. Malgré tout, la loi a été votée. Eux, ce sont les députés du groupe parlementaire UPC, CDP, Paix et justice et réconciliation nationale qui reviennent à la charge une semaine après le vote du budget exercice 2019 pour expliquer leur position et donner une analyse du budget présenté par la ministre de l’économie, des finances et du développement. Pour l’opposition parlementaire, ce budget est non sincère et irréaliste. Premier grief à l’encontre de ce budget, le matraquage fiscal, disent-ils. Alors que le gouvernement le qualifie de pro pauvre, l’opposition parlementaire pense plutôt que l’exécutif crée de nouvelles taxes pour asphyxier financièrement les moins nantis. « Ce projet de loi a consacré la création de nombreux impôts pendant que nous sommes dans un contexte de vie chère. Nous avons des impôts que nous avons créé en 2016 qui ne sont pas recouvrés et on continu de créer de nouveaux impôts pour justifier le fait que nous voulons des chiffres macroéconomiques, qui plaisent au FMI. Est-ce que le peuple mange les chiffres ? » se demande Alphonse Nombré, président du groupe parlementaire CDP. Pour le ministre des finances, par contre, il ne s’agit pas de nouvelles taxes, les gens doivent payer tout simplement ce qu’ils ne payaient pas. L’autre reproche formulée à l’encontre du budget, c’est le fait qu’il soit tourné vers la consommation plutôt que vers l’investissement. Le budget est d’environ 2200 milliards de francs CFA pour près de 800 milliards de dépenses courantes et 628 milliards réservés à l’investissement. « La loi de finance que nous avons adoptée, le taux de l’investissement par rapport aux ressources générales de l’Etat était à hauteur de 44,5%. Pour 2019, ce taux revient à 24%, quel est donc le projet du gouvernement pour répondre aux préoccupations des populations ? », s’interroge Nicolas Da du groupe parlementaire UPC. Selon le ministre des finances, ce budget est tourné à 52% vers les services sociaux, les secteurs qui touchent directement les populations, un argumentaire peut convaincant, dira l’opposition parlementaire qui veut pour preuve la mesure de gratuité des soins qui serait menacée, faute de budget conséquent. Les députés de l’opposition invitent à cet effet le gouvernement à mener sa stratégie de mobilisation des ressources financières à l’interne dans une approche de dialogue inclusive.
Alfred Sié KAM/Rédaction QNA